Le Premier ministre bissau-guinéen Aristide Gomes a dénoncé mardi un projet de coup d’Etat à un mois de l’élection présidentielle, accusant un candidat de l’opposition, Umaro Sissoco Embalo, qui a démenti et qualifié de « cabale » ces accusations.

« Un coup d’Etat est en préparation pour arrêter le processus de préparation de l’élection présidentielle du 24 novembre », a déclaré sur sa page Facebook M. Gomes, membre de la première formation parlementaire, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

Selon M. Gomes, les instigateurs du projet prévoyaient de le mettre en prison, ainsi que plusieurs de ses ministres, « à la suite d’actions de vandalisme en préparation pour les prochaines heures ».

Le chef du gouvernement de ce pays pauvre et chroniquement instable d’Afrique de l’Ouest a affirmé que « l’auteur de cet acte » est identifié « clairement et de manière univoque ».

Il s’agit de l’ex-Premier ministre Umaro Sissoco Embalo, candidat à la présidentielle du Mouvement pour l’alternance démocratique (Madem), formé par des frondeurs du PAIGC, a-t-il dit.

Affirmant détenir des « preuves matérielles » qui seront dévoilées au moment opportun, le Premier ministre s’est dit déterminé à poursuivre la préparation du scrutin du 24 novembre, pour lequel 12 candidats se sont portés candidats, dont le président sortant José Mario Vaz.

La communauté internationale insiste sur le respect de cette date malgré les réticences de l’opposition, qui juge ce calendrier difficilement tenable.

« Je ne suis pas un bandit et je n’entre jamais dans des actions subversives. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas violent. Cela fait un mois que je ne suis pas à Bissau. Ce sont des cabales montées contre ma personne par des gens qui ont peur de moi », a déclaré Umaro Sissoco Embalo, joint par téléphone.

La police a dispersé mardi à coups de matraques un groupe de jeunes non identifiés qui brûlait des pneus sur l’avenue principale du centre de Bissau.

L’Ecomib, la force de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a renforcé ses patrouilles dans la ville, selon la même source. Cette force avait été déployée en 2012 en Guinée-Bissau pour y sécuriser la transition politique après le dernier putsch, qui avait interrompu la présidentielle cette année-là.

Malgré le bon déroulement des législatives du 10 mars, la Guinée-Bissau tente encore de sortir de la crise qu’elle traverse depuis le limogeage, en août 2015 par le président Vaz, de Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC, qui était jusque-là son Premier ministre et qui sera candidat le 24 novembre.

Ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1974 après une lutte de 11 ans, la Guinée-Bissau a connu depuis lors quatre putschs, seize tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements.