La France a annoncé mercredi vouloir intensifier sa coopération avec le Cameroun, après les gestes « d’apaisement » du président Paul Biya dans la crise des régions anglophones et la libération de son principal opposant, Maurice Kamto.
« Je suis venu pour dire combien la France voulait avec le Cameroun être dans une phase de relance d’une relation historique très forte mais qui va trouver maintenant une nouvelle dynamique », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, à l’issue d’un entretien avec le président Biya à Yaoundé.
« Je viens à un instant particulier (…), un moment dans ce pays où la réconciliation est en marche », a ajouté le chef de la diplomatie française.
Symbole de cette relance des relations bilatérales, Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, a décoré le chef de la diplomatie française de l’Ordre de la valeur, la plus haute distinction camerounaise. « J’y suis très sensible », a déclaré le ministre.
L’inamovible président lui a aussi offert une pipe – symbole de la « sagesse », a-t-il dit – lors d’une brève cérémonie dans un salon du palais présidentiel, sur les hauteurs de Yaoundé.
Après des mois d’intransigeance, le président camerounais, sous la pression notamment de la France, de l’UE et des Etats-Unis, a fait libérer début octobre une centaine d’opposants, dont son grand rival à la présidentielle de 2018, Maurice Kamto.
Le pouvoir a aussi organisé un « Grand dialogue national », avec l’ambition affichée de dénouer le conflit meurtrier qui sévit dans l’ouest du pays où, depuis deux ans, des séparatistes anglophones et l’armée se livrent une guerre sans merci, dans laquelle plus de 3.000 personnes ont déjà trouvé la mort, selon des ONG.
Jean-Yves Le Drian a proposé l’expertise de la France en matière de décentralisation pour définir les contours du futur « statut spécial » des deux régions anglophones, recommandé à l’issue de ce dialogue.
« Nous souhaitons accompagner les efforts de paix, d’apaisement qui ont été développés depuis quelques jours, quelques semaines » a-t-il dit.
La France a pour cela « beaucoup d’atouts », a-t-il insisté, évoquant la collaboration entre les deux pays « depuis de nombreuses années », mais aussi son expérience de la décentralisation.
« Nous avons aussi une collaboration dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, du développement », a-t-il souligné.
La France est le premier investisseur étranger au Cameroun. Jean-Yves Le Drian inaugurera jeudi un pont financé par l’Agence française de développement (AFD) sur le fleuve Wouri à Douala, capitale économique du Cameroun.
Il a aussi annoncé qu’il se rendrait dans le nord du pays, sous la menace du groupe jihadiste Boko Haram, pour marquer le soutien de la France au Cameroun dans la lutte antiterroriste.
Débuté dans le nord-est du Nigeria, le conflit s’est étendu au Niger, au Tchad ainsi qu’au Cameroun. En dix ans, l’insurrection de Boko Haram et sa répression ont fait 35.000 morts et environ deux millions de déplacés dans ces pays.