Des partisans de la majorité en Guinée-Bissau ont manifesté une nouvelle fois samedi dans la capitale pour contraindre le président José Mario Vaz à nommer un gouvernement dirigé par leur chef Domingos Simoes Pereira.
Malgré le bon déroulement des élections législatives du 10 mars, remportées par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), ce petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest peine à sortir de la crise politique qu’il traverse depuis le limogeage en août 2015 par M. Vaz de M. Pereira, chef du PAIGC, alors Premier ministre.
C’est la troisième marche du PAIGC et de ses alliés, en moins de deux semaines, pour réclamer un gouvernement dirigé par M. Pereira, dont la majorité parlementaire a transmis le 26 avril au chef de l’Etat le nom pour le poste de Premier ministre. Deux précédentes marches, le 14 et le 22 mai, avaient chacune réuni des milliers de personnes.
Plus d’un millier de personnes participaient à la manifestation de samedi qui a démarré dans la matinée dans un quartier de la banlieue de Bissau et devait aboutir près du port, sur quelque deux km.
Des responsables de la majorité dont Domingos Simoes Pereira et Nuno Gomes Nabiam, chef d’un parti allié au PAIGC et premier vice-président de l’Assemblée nationale, participaient à la marche.
Les marcheurs portaient des banderoles où on pouvait notamment lire « Jomav (initiales du chef de l’Etat bissau-guinéen) nomme sans condition et sans délai DSP », les initiales du chef du PAIGC.
Des haut-parleurs sur des camions mobiles diffusaient des messages hostiles à M. Vaz.
Un important dispositif de policiers, en gilets, boucliers, casques et lance-grenades, était visible devant le palais présidentiel, situé près du port, point d’aboutissement de la marche. Les voies menant vers le palais, à moins d’un km du port, étaient également fermées à la circulation.
Le PAIGC et ses alliés contrôlent 54 sièges sur 102 au Parlement. Le Madem, formé par 15 députés frondeurs du PAIGC, qu’ils ont amputé de sa majorité absolue dans l’Assemblée sortante, et le Parti pour la rénovation sociale (PRS) se partagent les 48 restants, respectivement 27 et 21.
Depuis la reprise des travaux parlementaires le 18 avril, les débats achoppent sur le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée, revendiqué par le Madem pour un de ses dirigeants, Braima Camara, mais rejeté par le PAIGC.
Le Madem et le PRS ont saisi la Cour suprême, invoquant le règlement intérieur du Parlement selon lequel la deuxième vice-présidence et les postes de premier et deuxième secrétaire de l’Assemblée sont attribués en fonction du nombre de sièges.
Malgré le rejet de ce recours le 15 mai, M. Vaz, lui-même en fin de mandat, a récemment laissé entendre qu’il ne comptait pas pour le moment nommer M. Pereira Premier ministre, appelant les Bissau-Guinéens à « se parler, débattre de leurs problèmes ».