Quelques milliers de grands électeurs camerounais ont voté « dans le calme » dimanche pour les premières élections régionales du pays, un scrutin boycotté par l’opposition qui estime qu’il ne changera rien, ni politiquement ni pour le conflit séparatiste qui ensanglante les régions anglophones.

« L’élection des conseillers régionaux s’est déroulée dans la sérénité, le calme et la tranquillité. Aucun incident susceptible de porter atteinte à la crédibilité du scrutin ou à la sincérité des résultats attendus des urnes n’est à relever », a déclaré dimanche soir Paul Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale.

Des violences étaient pourtant à craindre, notamment dans les deux régions anglophones où des groupes sécessionnistes affrontent l’armée depuis près de quatre ans dans un conflit qui a fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.

Le régime a présenté ces premières élections régionales, pourtant prévues dès la Constitution de 1996, comme « historiques » pour achever la décentralisation et régler cette crise anglophone.

Ces Conseils régionaux, oubliés depuis 1996, avaient été remis au goût du jour lors d’un Grand dialogue national convoqué en 2019 par Paul Biya, après d’intenses pressions internationales pour mettre fin au conflit en zone anglophone.

En tout, quelque 24.000 grands électeurs, des conseillers municipaux ainsi que des chefs traditionnels, étaient amenés à voter dans ce scrutin indirect pour désigner 900 conseillers régionaux, 90 pour chacune des 10 régions.

Les résultats n’ont pas encore été communiqués mais ils font peu de doutes puisque les conseillers municipaux qui élisent le plus grand nombre de représentants dans ces nouvelles assemblée régionales sont très majoritairement issus du parti de M. Biya, 87 ans.

Outre la rébellion en zone anglophone, le président Biya, qui dirige le Cameroun d’une main de fer depuis 38 ans, est confronté à une contestation inédite dans la rue depuis sa réélection en 2018 et à des attaques répétées de groupes jihadistes dans l’extrême-nord du pays.

Pour inciter à faire de ces élections un succès, il avait promis le 2 septembre par décret présidentiel une indemnité de 50.000 francs CFA (environ 75 euros) pour chaque grand électeur ayant pris part au scrutin.

Quatorze partis étaient en lice hors des zones anglophones, dont le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de M. Biya, qui avait remporté une victoire écrasante aux municipales de février. Dans les deux régions anglophones, le RDPC était le seul à présenter des candidats.

Dans tout le pays, le scrutin a été boycotté par les deux principaux partis d’opposition: le Social Democratic Front (SDF) et le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, l’opposant numéro 1 à M. Biya.