Les forces de sécurité angolaises ont tué plusieurs militants séparatistes qui manifestaient dans le Nord-Est du pays, a-t-on appris lundi auprès des autorités et d’associations de défense des droits de l’Homme.

Le rassemblement, qui n’avait pas été autorisé, de membres du mouvement séparatiste Lunda Tchokwe, s’est déroulé samedi à Cafunfo (province de Lunda Norte), à plus de 700 km de Luanda.

La police de la province affirme avoir agi en état de légitime défense, lorsqu’à la tombée de la nuit quelques 300 manifestants armés ont tenté de prendre d’assaut le commissariat de Cafunfo, blessant deux policiers.

« Quatre citoyens ont trouvé la mort dans la dispersion de ces personnes », a assuré la police, citée dans un communiqué des autorités, précisant que deux autres manifestants, blessés, avaient ensuite succombé à leurs blessures, à l’hôpital.

Plusieurs vidéos diffusées sur Twitter, dont l’authenticité n’a pas pu être confirmée, semblent montrer des policiers et des militaires se tenant devant une dizaine de cadavres.

Selon Zenaida Machado, un chercheuse de l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui a partagé cette vidéo, elle a été tournée par un policier présent sur les lieux.

« La police a fait un usage excessif de la force à l’encontre des manifestants », a-t-elle affirmé lundi à l’AFP. « Le groupe Lunda Tchokwe fait état de la mort de douze de ses militants », a-t-elle ajouté, précisant que HRW était en train d’essayer d’authentifier la vidéo.

« L’un des principaux défis que nous avons pointé à de nombreuses reprises, c’est la nécessité de réformer les forces de sécurité et de défense », a souligné Zenaida Machado. « Elles ne peuvent continuer d’agir comme si une guerre était en cours ».

La guerre civile qui a ravagé l’Angola pendant 27 ans (1975-2002) a fait plus de 500.000 morts.

De son côté, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), ex-mouvement rebelle devenu le principal parti d’opposition, a dénoncé « le meurtre barbare d’au moins 21 citoyens » par les forces de sécurité.

Lunda Tchokwe, créé en 2006, réclame l’autonomie de l’Est de l’Angola, un vaste territoire riche en diamants, la deuxième source de revenus du pays après le pétrole.