Le chef des talibans a appelé les Etats-Unis à respecter leur accord avec les insurgés, accusant les Américains de mettre en danger le processus de paix en Afghanistan avec notamment leurs frappes aériennes.

Les « attaques de drones, bombardements, raids et tirs d’artillerie pour des raisons injustifiables ne servent les intérêts de personne et n’aident pas à gagner la guerre. Au contraire, ces actions sont contreproductives », a déclaré Haibatullah Akhundzada, arrivé à la tête des insurgés en 2016, dans un rare message écrit à l’occasion de l’Aïd-el-Adha, la fête du Sacrifice.

S’ils ont interrompu leur offensive contre les insurgés depuis la signature de l’accord américano-taliban en février, les États-Unis continuent de mener des frappes aériennes pour défendre les forces afghanes.

Le nombre de frappes n’est cependant pas connu, l’armée américaine ayant officiellement cessé de rendre ces chiffres publics il y a quelques mois.

Les talibans ont eux aussi interrompu leur offensive contre Washington, mais ont intensifié leurs violences contre les forces afghanes à travers le pays.

Dans une vidéo publiée sur Twitter mardi, le général Scott Miller, commandant des forces américaines et de l’Otan dans le pays, a réitéré la volonté américaine de « soutenir les forces afghanes en ces temps incertains, tout en continuant à défendre nos partenaires ».

L’accord américano-taliban prévoit le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan d’ici mai 2021 en échange notamment de garanties sécuritaires de la part des insurgés et de l’ouverture de négociations de paix avec Kaboul.

Akhundzada, un ex-chef des tribunaux talibans, a également appelé Washington à ne pas « créer d’obstacles à la fin de la plus longue guerre de l’histoire américaine avec des remarques injustifiées et de la propagande », alors que général Miller avait critiqué lundi l’augmentation des violences.

Le chef des insurgés en a aussi profité pour s’attaquer à un gouvernement afghan « engagé dans une lutte pour des intérêts à court-terme et pour le pouvoir ».

Akhundzada a accusé Kaboul d’entraver le processus de paix, notamment en ralentissant un échange de prisonniers considéré par les insurgés comme un préalable au démarrage de discussions de paix.

Les talibans demandent au gouvernement afghan de libérer 5.000 insurgés en échange de 1.000 membres des forces afghanes.

Kaboul a déjà libéré la plupart de ces 5.000 prisonniers, mais, selon les services de renseignements afghans, certains retournent sur le champ de bataille.

Les talibans se sont dits prêts à des discussions avec le gouvernement afghan le mois prochain, après l’Aïd al-Adha, si l’échange est achevé.

S’il s’est dit prêt à négocier la paix, Akhundzada a cependant répété que les talibans établiraient « un gouvernement islamique pure ».