Les Etats-Unis cherchent à protéger leurs satellites d’attaques chinoises ou russes, et comptent sur leurs alliés pour y parvenir, a indiqué mercredi un haut responsable du Pentagone en annonçant la nouvelle « stratégie de défense dans l’espace » de Washington.

Ce document est le premier à développer la stratégie de la nouvelle Force de l’espace dont se sont dotés les Etats-Unis.

Il rappelle que l’objectif central du ministère américain de la Défense est de maintenir la supériorité civile et militaire du pays dans l’espace, notamment le réseau de satellites de géolocalisation GPS dont dépendent aussi bien les militaires que les services d’urgence, les transports et même les services financiers.

Or, Chine et Russie développent des capacités de brouillage et cyberattaques, des armes électromagnétiques, des satellites « tueurs » et des missiles antisatellites qui menacent directement les satellites américains, a indiqué à la presse le directeur des Affaires spatiales du Pentagone, Stephen Kitay.

Ainsi Pékin a testé avec succès en 2007 une frappe d’un missile sol-air contre un de ses satellites, démontrant sa capacité à attaquer les satellites d’autres pays, a-t-il rappelé au cours d’une conférence de presse.

Plus récemment, la Russie a placé en 2017 en orbite ce qu’elle a décrit comme un satellite inspecteur capable de diagnostiquer les problèmes d’un satellite russe, a-t-il ajouté. Or ce satellite n’a pas bougé depuis et se trouve à faible distance d’un satellite américain, ce qui inquiète le Pentagone.

« Nous sommes encore en avance sur eux, mais le rythme auquel ils développent ces capacités représente indiscutablement un risque pour nous », a déclaré M. Kitay. « Ce sont des menaces très graves ».

« Ces deux pays considèrent le fait de permettre ou bloquer l’accès à l’espace comme une composante essentielle de la stratégie nationale et militaire », indique la stratégie du Pentagone. « Les doctrines militaires chinoise et russe considèrent l’espace comme important pour la guerre moderne et l’usage d’armement spatial comme un moyen de réduire l’efficacité militaire des Etats-Unis et de leurs alliés, et de gagner de futures guerres ».

Le document envisage même l’hypothèse d’une attaque nucléaire dans l’espace. Même si l’absence d’atmosphère empêcherait toute combustion, la détonation d’une arme nucléaire provoquerait une puissante charge électromagnétique qui détruirait les circuits électroniques de tous les satellites autour d’elle, a expliqué le responsable du Pentagone.

« C’est une menace à laquelle nous devons être préparés », a-t-il ajouté

Dans cette concurrence stratégique, les Etats-Unis ont marqué un point fin mai avec l’envoi de deux astronautes américains vers la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’une fusée du groupe privé SpaceX.

La nouvelle stratégie américaine souligne que le Pentagone a l’intention de multiplier les partenariats avec l’industrie, avec le soutien des alliés.

Les plus proches alliés des Etats-Unis en terme de renseignement, membres du groupe des « Five Eyes » (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Etats-Unis), coopèrent depuis 2014 au sein de l’initiative opérations spatiales interalliées (Combined Space Operations). La France et l’Allemagne les ont rejoints en février.