Donald Trump s’est rendu mercredi en Irak pour une visite surprise de quelques heures à la rencontre de soldats américains, et a profité de ce premier déplacement en zone de conflit depuis son élection il y a deux ans pour justifier sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie.
« Les Etats-Unis ne peuvent pas continuer à être le gendarme du monde », a-t-il déclaré sur la base aérienne d’Al-Assad, à environ 160 kilomètres à l’ouest de Bagdad. « C’est injuste quand le fardeau est entièrement sur nous, les Etats-Unis ».
Accompagné de son épouse Melania, le président américain a atterri à 19H16 locales (16H16 GMT) sur cette base, où il s’est entretenu avec des soldats et des responsables militaires, a rapporté un photographe de l’AFP.
Le président et la Première dame s’étaient « envolés pour l’Irak tard le soir de Noël pour rendre visite à nos troupes et à nos commandants militaires afin de les remercier pour leur engagement, leur succès et leur sacrifice, et pour leur souhaiter Joyeux Noël », a tweeté Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche.
Donald Trump devait initialement rencontrer le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi « mais une divergence de points de vue quant à l’organisation de la rencontre a conduit à la remplacer par une conversation téléphonique », au cours de laquelle les deux hommes ont notamment évoqué le dossier syrien, selon un communiqué du gouvernement irakien.
M. Mahdi « a invité le président américain à se rendre à Bagdad » et « M. Trump a également demandé au Premier ministre de venir à Washington », poursuit le communiqué. « Les deux parties ont convenu de continuer à renforcer les relations communes entre les deux pays ».
– « Plongé dans le noir » –
C’est la première fois depuis son élection en novembre 2016 que Donald Trump va à la rencontre de militaires américains en zone de conflit. Il a souvent été critiqué pour ne pas l’avoir fait plus tôt.
Il a reconnu mercredi avoir eu des inquiétudes sur la sécurité de cette visite surprise, estimant qu’il était « assez triste » d’être contraint à autant de confidentialité.
« C’est sûr. Quand j’ai entendu tout ce par quoi il faut passer », a répondu le milliardaire lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il avait eu des appréhensions avant ce déplacement. « Pas pour moi-même personnellement. J’avais des inquiétudes pour la Première dame, je peux le dire ».
« Si vous aviez vu tout ce que nous avons dû subir, l’avion plongé dans le noir avec tous les hublots fermés et aucune lumière nulle part. Le noir complet », a-t-il ajouté.
– « Partager le fardeau » –
En plus de l’opération de communication et des photos aux côtés de soldats en uniforme, M. Trump a défendu sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie, arguant de nouveau que le groupe Etat islamique (EI) était « presque totalement vaincu ».
« Nous sommes éparpillés à travers le monde. Nous sommes dans des pays dont la majorité des gens n’ont même pas entendu parler. Franchement, c’est ridicule », a-t-il lancé.
« En Syrie, (le président turc Recep Tayyip) Erdogan a dit qu’il voulait éliminer l’EI, ce qu’il en reste. Et l’Arabie saoudite vient de dire qu’elle allait payer pour du développement économique. Ce qui est formidable, ça veut dire que nous ne devrons pas payer », a-t-il poursuivi.
« J’ai eu de très bonnes discussions avec le président Erdogan, qui veut les éliminer (l’EI, NDLR), et il le fera. Et d’autres le feront. Parce que nous sommes dans leur région. Ils devraient partager le fardeau des coûts et ils ne le font pas ».
Cette visite, gardée secrète pour des raisons de sécurité, a eu lieu une semaine après l’annonce par M. Trump du retrait des troupes américaines de Syrie.
La décision avait provoqué un premier séisme: la démission du ministre de la Défense Jim Mattis, qui était en désaccord avec lui sur le dossier syrien.
Le président a aussi annoncé une réduction des troupes en Afghanistan, ce qui a suscité de nombreuses interrogations sur la nouvelle stratégie militaire et la politique étrangère menée par Washington.
Le départ de Jim Mattis a été suivi vendredi par celui de l’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale antijihadistes, Brett McGurk. Selon plusieurs médias américains, il avait décidé de quitter son poste en février, mais a avancé cette échéance après les derniers rebondissements.
Ces décisions ont pris par surprise les alliés des Etats-Unis car le président tourne ainsi le dos à des décennies de doctrine d’intervention américaine au Moyen-Orient et en Afghanistan.