Des frontières rouvertes aux touristes et des Italiens autorisés à passer d’une région à l’autre : l’Italie marque mercredi une étape cruciale dans son retour à la normale, après avoir été endeuillée par la pandémie de coronavirus.
Mais pendant qu’en Europe la normalisation se poursuit, à la faveur de chiffres de contamination et de décès en baisse régulière, le virus apparu en décembre en Chine continue dans des pays d’Amérique latine mal préparés à l’enrayer sa fulgurante progression.
Dans l’espoir de sauver son industrie touristique si importante pour son économie, l’Italie – dont une des régions, la Lombardie (Nord), a été l’épicentre de la pandémie en Europe – rouvre mercredi ses frontières aux touristes européens, sans restrictions.
Les Italiens peuvent désormais circuler librement entre les régions mais les interdictions de grands rassemblements et l’obligation du port du masque dans les lieux clos et dans les transports publics restent en vigueur.
Les vols internationaux ne devraient reprendre mercredi que dans trois grandes villes, Milan, Rome et Naples. La Suisse a toutefois prévenu que ses citoyens qui se rendraient en Italie seraient soumis à des « mesures sanitaires » à leur retour.
Réceptionniste à l’hôtel Albergo del Senato, au pied du Panthéon à Rome, Allessandra Conti assure mercredi « recevoir encore pas mal d’annulations, pour cet été ».
« Nous espérons que cela va bouger un peu à partir d’aujourd’hui, mais nous n’avons aucun touriste étranger réservé pour cette semaine, ou pour la prochaine », dit-elle. « Juste quelques réservations à partir de la mi-juin, tous des Européens ».
Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a prévenu mardi que la crise épidémique « n’est pas terminée » dans la péninsule, tout en louant « l’unité » de son pays face à « l’ennemi invisible ».
Avec près de 33.000 morts, l’Italie est le deuxième pays le plus endeuillé d’Europe, derrière le Royaume-Uni.
– « De l’essence sur le feu »
Après la réouverture mardi des terrasses de café à Paris, la décision italienne, qui sera suivie le 15 juin d’autres mesures de levée du confinement en Europe, illustre le retour progressif à la vie normale sur le Vieux Continent.
Une perspective encore bien éloignée en Amérique du Sud, où le virus continue de se propager.
Le Brésil a ainsi enregistré mardi un record journalier de décès, portant à 31.199 le nombre de morts, pour 555.383 malades confirmés du Covid-19, selon le ministère de la Santé.
Ces chiffres, que la communauté scientifique juge grossièrement sous-évalués, situent le géant latino-américain à la quatrième place mondiale pour les morts, derrière les Etats-Unis – qui restent de loin le pays le plus durement frappé avec 106.180 morts – le Royaume-Uni (39.369) et l’Italie (33.530).
Au total, la pandémie de Covid-19 a tué au moins 379.585 personnes sur la planète depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.
Les principaux foyers brésiliens sont l’Etat de Sao Paulo, locomotive économique et culturelle du pays, et celui de Rio de Janeiro, grand pôle touristique.
Tous deux ont amorcé un déconfinement, préoccupant certains scientifiques: « Dans la situation actuelle, tout relâchement des mesures de confinement revient à asperger de l’essence sur le feu », a averti Rafael Galliez, infectiologue de l’Université Fédérale de Rio (UFRJ).
Le Brésil, dont le président Jair Bolsonaro appelle régulièrement à la levée des restrictions pour préserver l’économie et l’emploi, représente plus de la moitié des cas de contamination et des morts du Covid-19 en Amérique latine.
Le virus continue de s’y propager à grande vitesse : la Colombie, frontalière du Brésil, a dépassé les 1.000 morts moins de trois mois après la détection du premier cas de contagion; le Mexique, qui amorce aussi la reprise de son activité économique, en compte plus de 10.000 et le Pérou en déplore plus de 4.600.
En Bolivie, plus de 10.500 cas de Covid-19 et plus de 300 décès ont été enregistrés, des chiffres en nette croissance. Dans ce pays, les autorités des villes de La Paz et d’El Alto vont marquer avec des écriteaux les maisons des malades qui refusent de se confiner, face aux nombreuses violations des mesures sanitaires par des personnes contaminées.