Un responsable d’un parti d’opposition rwandais a été assassiné mardi à coup de couteau près de Kigali, a annoncé mardi sa formation politique, soulignant que cette mort s’inscrivait dans une série de meurtres non élucidés parmi ses membres.

Victoire Ingabire, chef du parti FDU-Inkingi (non reconnu par les autorités), a précisé que la victime, Syridio Dusabumuremyi, avait été attaquée par deux hommes lundi soir dans le magasin où il travaillait.

« Notre parti déplore l’assassinat de son coordinateur national, M. Dusabumuremyi. Il a été sauvagement poignardé par deux individus ce lundi, peu après 21h00 », a déclaré Mme Ingabire. « Après plusieurs assassinats non résolus de membres de notre parti, nous n’avons aucun espoir que son meurtre fasse l’objet d’une enquête approfondie et soit élucidé », a-t-elle ajouté.

La police rwandaise a toutefois déclaré que deux suspects avaient déjà été arrêtés.

« Deux personnes ont été arrêtées en relation avec le meurtre et des enquêtes sont en cours », a indiqué le Bureau d’investigation du Rwanda (RIB) dans un communiqué.

Le parti de Mme Ingabire a perdu plusieurs de ses membres à la suite de mystérieux décès et disparitions, qu’il considère comme des attaques contre les voix dissidentes au Rwanda, pays dirigé par le président Paul Kagame.

Homme fort du Rwanda depuis 1994, M. Kagame est crédité du spectaculaire développement d’un pays exsangue après le génocide en 1994. Mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute opposition.

En mars, le porte-parole du FDU-Inkingi, Anselm Mutuyimana, avait été enlevé et son corps retrouvé dans une zone forestière de l’ouest. Un homme a été arrêté mais aucun détail sur le suspect n’a été fourni. Le porte-parole du RIB, Modeste Mbabazi, a déclaré que « des enquêtes sont en cours ». Un autre membre du parti d’opposition, Eugene Ndereyimana, est porté disparu depuis juillet et serait mort.

Amnesty International a qualifié le meurtre de Dusabumuremyi d' »extrêmement alarmant » et réclamé une enquête indépendante.

« Cela est d’autant plus troublant qu’il (le meurtre) faite suite à de nombreuses attaques suspectes », écrit dans un communiqué la directrice régionale de l’ONG Joan Nyanyuki.

« Il est essentiel que le gouvernement du Rwanda protège les droits à la liberté d’expression et d’association, y compris pour les opposants politiques , et mette fin au climat actuel de harcèlement et d’intimidation auquel ils sont confrontés », a-t-elle ajouté.

Mme Ingabire a été libérée de prison en septembre de l’année dernière après une grâce présidentielle inattendue. Elle avait été arrêtée en 2010 alors qu’elle prévoyait de se présenter à la présidentielle contre Kagame.