Donald Trump adresse un carton rouge à la presse, et accuse Google, Twitter et Facebook de partialité dans leur reflet des informations le concernant. « Google ne montre que les articles de médias bidons », a déclaré, mardi, le président américain.

Donald Trump juge impartial le traitement médiatique proposé par Google, Twitter et Facebook sur la politique américaine, et pose la question de sa légalité. « Google, Twitter et Facebook naviguent vraiment en eaux très troubles et ils doivent faire attention », a-t-il affirmé devant la presse mardi 28 août, convoquée à la Maison Blanche à l’occasion de l’attribution du mondial de football en 2026 à  trois pays : Mexique, États-Unis et Canada.

Plus tôt dans la journée, le président des États-Unis s’était fendu d’un tweet, commentant les résultats sur Google pour une recherche sur son propre nom. « Les résultats sur Google pour la recherche ‘Trump actualités’ ne montre que des articles ou des vidéos de médias bidons. En d’autres termes, ils MANIPULENT [les résultats], que ce soit pour moi ou pour d’autres, de telle sorte que presque toutes les actualités sont MAUVAISES. CNN l’imposteur est en première ligne. Les médias républicains/conservateurs et impartiaux sont invisibles. Illégal ? 96 % des résultats pour « Trump actualités » proviennent de médias de gauche, très dangereux. Google et les autres suppriment les voix conservatrices et cachent l’information qui est bonne. C’est une situation très grave – nous nous en occuperons ! »

« Ils doivent faire attention ! », a ensuite renchérit le président des États-Unis depuis le Bureau ovale. « C’est injuste pour une grande partie de la population », a-t-il ajouté, évoquant des milliers de plaintes, sans autres précisions. « Vous ne pouvez pas faire ça aux gens, vous ne pouvez pas ! », a-t-il martelé.

« Nous nous penchons sur la question », a confirmé peu après Larry Kudlow, conseiller économique de Donald Trump, tout en restant très évasif sur les éventuelles investigations en cours.

En violation du premier amendement

Ces accusations de partialité ont été fermement contestées par Google, qui a assuré ne pas orienter les résultats de son moteur de recherche vers « une quelconque idéologie politique ». « Notre but est de nous assurer que les utilisateurs qui tapent une recherche dans la fenêtre Google Recherche reçoivent le résultat le plus pertinent en quelques secondes », a insisté le géant de la tech, soulignant qu’il apporte chaque année des centaines d’améliorations aux algorithmes qui pilotent la recherche.

Pour le Centre pour la démocratie et la technologie, la question de la partialité des algorithmes de recherche mérite d’être posée, mais une potentielle régulation gouvernementale représente un réel danger. « Il est très inquiétant qu’un représentant du gouvernement quel qu’il soit, essaie de mettre publiquement la pression sur une plateforme concernant des informations importantes pour notre démocratie », a indiqué à l’AFP sa présidente, Nuala O’Connor.

Pour Eric Goldman, responsable de l’Institut de droit des hautes technologies à l’université de Santa Clara, « toute tentative de Trump de ‘rectifier’ les résultats des moteurs de recherche violerait le premier amendement » de la constitution américaine garantissant la liberté de la presse.

Carton rouge

Cette attaque contre l’un des moteurs de recherche les plus populaires au monde s’inscrit dans une offensive plus générale lancée depuis plusieurs mois par Donald Trump contre « les géants des réseaux sociaux » qu’il accuse de « réduire au silence des millions de gens » et de pratiquer une forme de « censure ».

À la Maison Blanche, lorsque le président de la fédération internationale de football, Gianni Infantino, a offert à Donald Trump deux cartons, l’un jaune et l’autre rouge, et lui a expliqué les règles du football, le président américain s’est tourné vers la presse et a brandi, tout sourire, un carton rouge. Et il a commenté ainsi la date de la Coupe du monde prévue sur les terres nord-américaines d’ici huit ans : « En 2026, je ne serai pas là. Peut-être qu’ils vont étendre la durée du mandat (…) S’ils ne le font pas, les médias vont s’ennuyer… ».