Des responsables d’un parti d’opposition togolais, le Parti National Panafricain (PNP), ont été écroués à la prison civile de Lomé à la suite des manifestations contre le pouvoir organisées samedi dernier, a annoncé jeudi la coalition de l’opposition.

Selon la coalition, Gueffé Nouridine et Kéziré Azizou, des membres importants du PNP, ont été interrogés par le Service de renseignements et d’investigation (SRI), puis déférés à la prison civile de Lomé.

Il leur est reproché de « n’avoir pas tenu compte de l’avis des autorités sur les itinéraires des manifestations pacifiques du 13 avril ».

« Cette dernière évolution vient malheureusement s’ajouter au bilan déjà très lourd », s’inquiète l’opposition dans un communiqué.

Ces manifestations ont fait un mort à Bafilo (centre-nord) et des dizaines de blessés, selon un bilan dressé dimanche par le PNP.

La résidence du président du parti, Tikpi Atchadam, a été saccagée par les forces de l’ordre et sur la trentaine de personnes arrêtées durant le weekend, 20 ont déjà été condamnées et incarcérées.

La coalition, qui comptait initialement 14 partis mais en a perdu la moitié après des querelles internes, dénonce « les violentes répressions exercées par les forces de défense et de sécurité sur les populations civiles aux mains nues ».

Bien que le PNP ait quitté la coalition il y a quelques mois, ses anciens alliés politique demandent que « toute la lumière soit faite par un organe indépendant sur les violences le 13 avril sur les populations civiles » et que les coupables soient « traduits en justice ».

Le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi avait autorisé les manifestations dans la capitale et dans deux autres villes, Afagnan et Sokodé (environ 330 km au nord de Lomé, fief du PNP), mais en imposant des itinéraires qui ne convenaient pas aux responsables du parti.

Des forces de l’ordre avaient bouclé tous les lieux de rassemblement prévus par les organisateurs à Lomé. Ainsi, la manifestation n’a finalement pas eu lieu à Lomé et des groupes de jeunes manifestants ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogène.

A Sokodé, des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont été également enregistrés. Des jeunes ont dressé des barricades et brûlé des pneus.

Le PNP réclame notamment des réformes constitutionnelles pour limiter le nombre de mandats présidentiels.

Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a succédé à son père, le général Eyadema Gnassingbé, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 38 ans.

Pendant près de deux ans, les 14 partis unis au sein de la coalition ont multiplié les marches et les manifestations, sans obtenir gain de cause.