Les autorités sénégalaises faisaient lundi l’objet de vives critiques après des pluies exceptionelles, qui ont provoqué des inondations dévastatrices et fait au moins quatre morts selon les pompiers.

Les autorités se sont défendues en invoquant notamment le caractère exceptionnel de ces pluies.

La capitale Dakar et une grande partie de ce pays sahélien ont essuyé au cours du week-end des précipitations d’une intensité inhabituelle.

Des images de routes coupées par les eaux et de maisons et de véhicules submergés ont tourné en boucle dans les médias et sur les réseaux sociaux. Des canots ont été envoyés à Keur Massar, populeuse banlieue de Dakar, pour évacuer des habitants piégés par les eaux. Des habitants y ont manifesté leur colère avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.

Les pluies tombées à partir de vendredi ont fait quatre morts et sept blessés à la suite d’effondrements de maisons et de murs, ont affirmé les pompiers à l’AFP.

« J’exprime ma solidarité à tous ceux qui ont eu des sinistres durant les abondantes pluies du week-end. J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de déclencher le plan Orsec », a écrit sur Twitter le président Macky Sall.

Ce plan d’urgence permet de mobiliser des moyens financiers et matériels accrus en situation de sinistre.

Les critiques sont néanmoins sévères contre les autorités de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« On a voté pour le président (Macky Sall, au pouvoir depuis 2012), pour qu’il nous aide, mais ils n’ont pas fait leur travail », a déclaré lundi à l’AFP Fatou Mbao Thiam, une habitante de Keur Massar.

« Des familles ont dû quitter leurs maisons pour se réfugier dans les écoles », affirme Pape Dethie Kasse, 38 ans, responsable d’une association de quartier dans la même zone.

 

– Un plan « intentionnellement abandonné » –

 

« Qu’ont-ils fait des 750 milliards de FCFA » (1,140 milliard d’euros), s’est interrogé le journal Le Quotidien, faisant écho aux déclarations de responsables de la société civile et de membres de l’opposition.

Ce montant avait été alloué par le gouvernement à un plan décennal (2012-2022) de lutte contre les inondations.

Le plan « a été intentionnellement abandonné. Les 750 milliards n’ont jamais été dépensés », accuse sur Twitter l’ancien Premier ministre et opposant Abdoul Mbaye.

« Investir autant de ressources pour que les populations se retrouvent dans des situations aussi difficiles est incompréhensible », a affirmé l’ancien député et activiste Cheikh Oumar Sy sur Facebook. Il a réclamé la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire.

« Ce que nous avons vécu au cours des 48 dernières heures sort de l’ordinaire de la pluviométrie au Sénégal », rétorque Abdou Latif Coulibaly, porte-parole du président Macky Sall dans une tribune publiée lundi par le quotidien Le Soleil (pro-gouvernemental), en allusion aux pluies jugées exceptionnelles en intensité. Les services météorologiques n’ont pas donné de chiffres sur le cumul des précipitations.

« Au delà de la construction d’ouvrages d’assainissement, c’est la problématique du changement climatique en lien avec l’urbanisation galopante qui se pose », dit M.Coulibaly.

Il invoque aussi comme causes « la macrocéphalie de Dakar » qui concentre plus du cinquième des 16 millions de Sénégalais et « l’occupation » par les populations des zones inondables.

Un document « indiquera rubrique par rubrique » comment l’argent a été dépensé, assure le ministre chargé de l’Hydraulique, Serigne Mbaye Thiam, cité dans la presse.

Le départ du président Macky Sall pour un sommet des chefs d’État ouest-africains prévu lundi au Niger suscitait aussi des critiques. « Le Sénégal se noie. Macky (Sall) s’envole au sommet », titrait le quotidien Vox Pop.