L’hypothèse d’un crash était « privilégiée » vendredi au lendemain de la disparition en République démocratique du Congo d’un avion-cargo avec à son bord au moins huit personnes dont des militaires, alors qu’il assurait la logistique d’un déplacement du président Félix Tshisekedi dans l’Est.
« On s’approche de plus en plus de l’hypothèse d’un crash », a déclaré à l’AFP Giscard Kusema, directeur adjoint de la presse présidentielle. « Ce que nous savons est que l’avion avait décollé alors que les conditions météorologiques étaient exécrables dans la zone », a-t-il indiqué.
« Cet avion transportait une partie du matériel roulant du président (Tshisekedi) escortée par trois militaires de la garde républicaine et le chauffeur affecté à un des véhicules blindés du président », a précisé M. Kusema.
Quant à l’équipage, il était constitué d’Ukrainiens, selon plusieurs sources et des témoins interrogés par l’AFP.
Une source de la Régie des voies aériennes congolaises (RVA), qui gère les aéroports du pays, a indiqué à l’AFP que le décollage de l’avion du président Tshisekedi avait été retardé afin de laisser passer « ce mauvais temps », accusant des autorités militaires d’avoir donné l’autorisation de décollage « malgré ces conditions impossibles de vol ».
Le président Tshisekedi était rentré jeudi soir à Kinshasa, après avoir bouclé sa deuxième visite de quatre jours dans la région de Beni (Nord-Kivu, est), l’une des zones les plus instables de l’est du pays.
Tôt vendredi matin, l’Autorité de l’aviation civile de la RDC (AAC) avait indiqué qu' »un avion-cargo de type Antonov 72 opéré par la force aérienne de la RDC, assurant la logistique présidentielle » jeudi et qui avait « à son bord 4 membres d’équipage et 4 passagers civils et militaires (…), a perdu contact avec le centre de contrôle (…) 59 minutes après son décollage » de Goma.
– Mauvaises conditions météorologiques –
« Avec une autonomie de 6 heures de route, l’Antonov 72 devait atterrir à Kinshasa à 16H43 TU (temps universel). Depuis cette perte de contact, des réquisitions d’informations lancées à toutes les stations sur sa route n’ont donné aucune information sur sa localisation », selon l’AAC.
Selon des estimations des spécialistes congolais de l’aviation, l’accident se serait produit dans les provinces du Maniema (est) ou du Sankuru (centre).
Des enquêtes sont en cours pour localiser l’épave. Mais jusque-là, les responsables de l’AAC ne donnent pas de détails sur les circonstances de cet accident.
Plusieurs sources de compagnies aériennes privées ont elles aussi fait état de mauvaises conditions météorologiques dans cette zone jeudi.
« La météo était exécrable hier sur cette route, mon commandant qui faisait Goma (Nord-Kivu, est) – Kinshasa (ouest) m’avait envoyé une image impressionnante des conditions de givrage », a posté sur Twitter Gueda Yav, pilote congolaise et propriétaire d’une société aérienne.
Des accidents d’avion impliquant des Antonov sont régulièrement enregistrés en RDC avec parfois de lourds bilans humains.
En septembre 2017, le crash d’un Antonov de l’armée avait fait 12 morts après son décollage de l’aéroport de Kinshasa.
Le crash le plus meurtrier d’un Antonov en RDC remonte à janvier 1996 : l’appareil avait raté son décollage à cause de la surcharge et s’était écrasé sur un marché de Kinshasa, faisant près de 350 morts.