La justice congolaise a rejeté samedi une demande de remise en liberté provisoire de Vital Kamerhe, le tout-puissant directeur de cabinet et principal allié politique du président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, inculpé pour détournement de fonds.
Le parquet l’accuse « d’avoir détourné des fonds de l’Etat en passant par le mécanisme d’attribution des marchés de gré à gré à des entreprises fictives », selon l’ordonnance d’un tribunal de Kinshasa qui ajoute qu’il « existe des indices sérieux de culpabilité ».
L’ordonnance cite l’exemple d’une entreprise qui a reçu 47 millions de dollars, somme qui a « disparu du circuit bancaire sans être affectée à la construction de 3.000 maisons préfabriqués ».
En réponse à sa demande de remise en liberté provisoire, un tribunal de Kinshasa-Matete ordonne donc sa « mise en détention préventive pour quinze jours » à la prison de la capitale, selon cette ordonnance.
M. Kamerhe, 61 ans, qui nie ces accusations, est une figure centrale de la vie politique congolaise.
Il avait été conduit à la prison centrale dès mercredi après six heures d’audition par le parquet.
Il était entendu dans le cadre d’une vaste enquête anti-corruption supposée marquer le « renouveau » de la justice dans la lutte contre l’impunité des élites.
Nommé directeur de cabinet au lendemain de l’investiture du président Tshisekedi le 24 janvier 2019, il devait s’expliquer en sa qualité d' »ordonnateur des dépenses » publiques pour le financement des grands travaux lancés par le nouveau chef de l’Etat après son arrivée au pouvoir.
Ces travaux sont principalement les fameux « sauts-de-mouton » (ponts routiers) et des logements sociaux.
L’ordonnance cite aussi une autre entreprise qui a reçu « 10 millions de dollars pour la fourniture de médicaments alors que cette dernière n’est pas du domaine pharmaceutique et tient juste une quincaillerie ».
En dépit de son titre de directeur de cabinet, M. Kamerhe est bien plus qu’un simple collaborateur du chef de l’Etat.
Parfois qualifié de « président-bis », il s’était désisté en faveur de Félix Tshisekedi avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, qui a marqué la première alternance pacifique dans l’histoire du Congo.
Les deux hommes ont scellé un accord politique pour constituer leur plate-forme Cap pour le Changement (Cach), qui gouverne la RDC en coalition avec les forces politiques de l’ex-président Joseph Kabila, toujours majoritaires au Parlement.
Cet accord scellé à Nairobi en novembre 2018 prévoit même que M. Kamerhe soit candidat à la présidence de la République en 2023.
Le parti de M. Kamerhe, Union pour la nation congolaise (UNC), compte plusieurs ministres au sein du gouvernement de 67 membres.