Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi à « moderniser » les structures de coopération internationale, estimant que « le Conseil de sécurité des Nations Unies ne produit plus de solutions utiles aujourd’hui ».
Dans un long entretien accordé au site Le Grand Continent, le chef de l’État souligne qu’il faut « acter que les cadres de la coopération multilatérale sont aujourd’hui fragilisés, parce qu’ils sont bloqués ».
« Je suis obligé de constater que le Conseil de sécurité des Nations Unies ne produit plus de solutions utiles aujourd’hui ; nous sommes tous coresponsables quand certains deviennent les otages des crises du multilatéralisme, comme l’OMS par exemple », ajoute-t-il.
A l’exception d’une visioconférence en avril, le Conseil de sécurité – dont les cinq membres permanents sont les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie – est resté silencieux face à la crise du Covid-19, la plus grave crise sanitaire connue depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le président Donald Trump a parallèlement accusé l’Organisation Mondiale de la Santé d’être trop proche de la Chine et son administration a entamé les procédures pour retirer les États-Unis de l’organisation onusienne.
Face à ce contexte, « le cap », pour Emmanuel Macron, est « de renforcer et structurer une Europe politique » parce que « si on veut qu’il y ait de la coopération qui se crée, il faut que des pôles équilibrés puissent structurer cette coopération, autour d’un nouveau multilatéralisme, c’est-à-dire d’un dialogue entre les différentes puissances pour décider ensemble ».
« On doit réussir à réinventer des formes utiles de coopération, des coalitions de projets, d’acteurs et nous devons réussir à moderniser les structures et à rééquilibrer ces relations », ajoute-t-il.
Pour lui, l’affirmation d' »une Europe forte » est « la seule possibilité pour imposer nos valeurs, pour éviter le duopole sino-américain, la dislocation, le retour de puissances régionales hostiles ».
Emmanuel Macron se dit également « en désaccord profond » avec la tribune publiée sur le site Politico Europe par la ministre de la Défense allemande Annegret Kramp-Karrenbauer, selon laquelle « les illusions d’autonomie stratégique européenne doivent prendre fin: les Européens ne pourront pas remplacer le rôle crucial de l’Amérique en tant que fournisseur de sécurité ».
« Je pense que c’est un contresens de l’Histoire. Heureusement, la chancelière (Angela Merkel) n’est pas sur cette ligne si j’ai bien compris les choses », réagit le président.
Selon lui, « les États-Unis ne nous respecteront en tant qu’alliés que si nous sommes sérieux avec nous-mêmes, et si nous sommes souverains avec notre propre défense ».
« Je pense donc que le changement d’administration américaine est une opportunité de continuer de manière totalement pacifiée, tranquille, ce que des alliés entre eux doivent comprendre: nous avons besoin de continuer à bâtir notre autonomie pour nous-mêmes, comme les États-Unis le font pour eux, comme la Chine le fait pour elle », détaille-t-il.