De la performance de ce « triangle magique » dépendra la maîtrise du « danger Messi », dit Dalic: « Face à lui, défendre en un contre un n’est pas une bonne idée ». « Il faudra fermer les espaces, couper les transmissions, l’empêcher de recevoir le ballon ».

Positionnement et complémentarité

Comme à l’Inter Milan, Brozovic est placé en sentinelle devant sa défense. Ce qui ne l’empêche pas de monter, comme l’a montré sa frappe contre le Brésil qui, avec un peu plus de fraîcheur, aurait pu précipiter la qualification.

Modric est positionné à droite, avec une grande liberté. Il redescend participer au travail défensif. A gauche et légèrement moins offensif, Kovacic couvre volontiers son capitaine. Comme Brozovic, il est friand de raids pour créer le décalage.

Ils se connaissent par coeur, pièces centrale (Modric), essentielle (Brozovic) ou importante (Kovacic) de l’épopée de 2018. Les trois sont passés à l’école du Dinamo Zagreb. « Quand Brozovic, Modric et Kovacic sont dans le coup, nous contrôlons 90% du jeu », dit le latéral Josip Juranovic.

Maîtres du ballon

Qui peut faire jeu égal avec le Brésil dans la maîtrise du ballon ? Les deux équipes ont eu 50% de possession chacune. « Nous avons réussi à confisquer le ballon, nous ne nous sommes jamais précipités. On ne s’est pas créé beaucoup d’occasions, mais on en a fait ce qu’il fallait », « notre milieu a endormi l’adversaire », explique Dalic.

Avec sa capacité à changer de rythme, à alterner jeu court et long, Brozovic est le maître du tempo. Enclenchée par Modric, l’égalisation contre le Brésil est venue d’une brusque accélération qui a pris de vitesse la défense de Tite désorganisée.

Qualité technique

Leur « passer le ballon, c’est plus sûr que de mettre son argent à la banque », plaisante Juranovic. Les Croates ne balancent jamais, même sous pression, même dans des espaces interdits aux claustrophobes. Réussir cela nécessite une qualité technique hors du commun.

Balle au pied (le gauche ou le droit), Modric, Ballon d’Or 2018, sait tout faire. « Il ne perd jamais un ballon… », s’extasiait récemment son entraîneur au Real Madrid Carlo Ancelotti. Et pour ne rien gâter, il les récupère…

« Devant sa défense, Brozo est le meilleur au monde » avec Casemiro, a décrit pour la presse italienne son partenaire à l’Inter, Nicolo Barella. Dans un style différent, en anticipation, en placements. Quand l’Inter l’a acheté en 2015, c’était pour mener le jeu. Repositionné plus bas, il impressionne depuis par sa justesse technique, sa vision des circuits de passe, son habileté à se dégager du marquage, sa protection de balle.

Quant à Kovacic, joueur de la saison à Chelsea en 2019-20, il a aussi débuté meneur de jeu au Dinamo. Excellent dribbleur, il a été comparé à Robert Prosinecki, référence technique en Croatie.

Impact physique

Contre le Brésil, Modric a joué 120 minutes, avec un abattage impressionnant. « C’est incroyable ce niveau de performance à 37 ans », dit Zlatko Dalic. « La leçon de son succès, c’est son sérieux, il est impeccable à l’entraînement, il s’entraîne aussi seul, sa vie c’est le football. »

Le volume de Kovacic et Brozovic, meneurs réinventés milieux « box to box », est aussi impressionnant. Avant le match contre le Brésil, Kovacic expliquait la volonté des Croates de « montrer (leur) qualité technique, mais aussi (leurs) qualités physiques, dans chaque duel, chaque phase de possession ».

Force mentale

Quand le Brésil a ouvert le score en quarts, peu croyaient au retour des Croates. Onze étaient sur le terrain et quelques autres sur le banc… « Tout le monde nous croyait fichus, nous avons montré une fois encore que nous ne nous rendons jamais », résume Modric.

Le trio a l’habitude du plus haut niveau. Modric, c’est cinq Ligues des champions. C’est beaucoup mais finalement seulement une de plus que Kovacic… Quant à Brozovic c’est une valeur sûre du Calcio depuis sept ans.