Ogre du football masculin mais nation émergente chez les dames, l’Espagne aborde le Mondial-2019 avec l’envie de « progresser » et de développer « un football avant-gardiste », a déclaré son sélectionneur Jorge Vilda, qui reste prudent au vu du groupe B, « le plus dur ».

Q: Quel est l’état d’esprit de l’Espagne avant ce Mondial féminin ?

R: « Nous avons suscité des attentes grâce à notre bon parcours en qualifications et notre bon rendement dans des matches amicaux face à de grandes sélections. Nous avons hâte d’être au premier match, nous voulons bien l’aborder, débuter le Mondial avec confiance et essayer de gagner cette première rencontre contre l’Afrique du Sud (le 8 juin). »

Q: Vous avez été nommé à la tête de la Roja en 2015 après des mandats réussis dans les catégories de jeunes féminines. En quoi cette sélection porte-t-elle votre marque ?

R: « La première chose était de reprendre confiance et d’instaurer un modèle de jeu, une philosophie de jeu, avec notre méthodologie, notre façon de s’entraîner, nos causeries tactiques, notre analyse des adversaires. Nous voulons produire un football avant-gardiste. Nous devons être à l’avant-garde avec des analystes (vidéo), avec un psychologue, avec tout l’encadrement. Tout cela contribue à offrir aux joueuses un environnement exceptionnel (…). A partir de là, il faut faire évoluer notre football, qu’il ne soit pas qu’un football de possession, de domination et de contrôle mais qu’il offre aussi des alternatives pour être plus vertical et contre-attaquer. »

Q: Comment jugez-vous le groupe B, où l’Espagne affrontera l’Afrique du Sud, puis l’Allemagne et la Chine ?

R: « Je crois que nous avons hérité du groupe le plus dur du Mondial, et de loin. Si on comparait avec l’alpinisme, ce seraient trois sommets de plus de 8.000 mètres. L’Allemagne peut être un Everest dans notre groupe mais l’Afrique du Sud et la Chine sont également d’un niveau maximal et il sera difficile de les battre. (…) Sur l’Afrique du Sud, je soulignerai la rapidité de leurs joueuse et leur solidité, ainsi que leur discipline tactique. (…) L’Allemagne est l’une des favorites pour le titre. Nous n’avons jamais réussi à les battre mais lors de notre dernier match amical nous avons obtenu un 0-0 à l’extérieur (en novembre, NDLR) et nous avons vu que nous avions des chances. Nous avons des chances de battre l’Allemagne pour la première fois chez les A. Et puis il y a la Chine qui est une grande puissance mondiale avec beaucoup de discipline et de solidarité, une équipe très entraînée, avec des automatismes. »

Q: Quel est l’objectif de l’Espagne dans ce Mondial ?

R: « Progresser, devenir meilleures, être une meilleure sélection. Nous ne voyons pas le Mondial comme une fin en soi. C’est une partie importante d’un processus d’amélioration mais on doit voir comment cela se passe. En Espagne, il faut savoir garder la tête froide, rester calme parce que c’est seulement notre deuxième Mondial (féminin, après 2015). Nous y allons avec un enthousiasme maximal mais il faut rester prudent. »

Q: Que manque-t-il au football féminin espagnol pour rejoindre les meilleures équipes ?

R: « Grandir à partir des catégories de jeunes, que cette pyramide ait une base plus solide, que la première division, la deuxième et les championnats régionaux haussent leur niveau. Pour y parvenir, il faut soutenir les clubs, qu’ils aient de meilleures structures et infrastructures, des pelouses de qualité. Et ensuite, il faut rester calme et attendre que le temps nous hisse parmi les meilleures sélections du monde. »

Q: Quel regard portez-vous sur l’équipe de France, qui joue à domicile ?

R: « Elle est favorite. Cette année, c’est peut-être son Mondial. Elle a de grandes joueuses, comme toujours, mais je crois que la sélectionneuse (Corinne) Diacre a réussi à forger une équipe. Cela manquait auparavant, il y avait des individualités très fortes comme (Wendie) Renard, (Amandine) Henry, (Eugénie) Le Sommer… Mais la France n’arrivait pas à les associer. Maintenant, je crois qu’elle y est parvenue et toutes les équipes vont avoir beaucoup de mal contre elle. »