Amnesty International a accusé l’Union européenne « d’ignorer délibérément » la « violence » des policiers croates à l’égard des migrants et réclamé à Bruxelles d’enquêter sur les « abus » régulièrement rapportés par des médias et des ONG.

L’organisation de défense des droits, qui a déjà dénoncé par le passé ce genre de violences systématiquement démenties par les autorités croates, revient sur le sujet après un dernier épisode qui se serait produit dans la nuit du 26 au 27 mai, près de la frontière avec la Bosnie.

Des milliers de migrants empruntent chaque année la « route des Balkans » pour essayer de rejoindre l’Europe occidentale. La plupart passent par la Croatie, pays membre de l’UE, le plus souvent en provenance de la Bosnie.

Selon le communiqué de l’ONG publié jeudi soir, seize migrants pakistanais et afghans, qui se déplaçaient en groupe, ont été « ligotés, brutalement battus et torturés » par des policiers croates, après avoir illégalement franchi la frontière avec la Bosnie.

Le ministère croate de l’Intérieur a immédiatement démenti « des allégations qui comme d’habitude et sans aucune preuve mettent en cause la police croate accusée de blesser des migrants ».

Selon Amnesty, les policiers croates ont aussi « étalé de la nourriture sur les têtes ensanglantées pour humilier » les migrants. L’organisation cite des médecins bosniens et plusieurs migrants ayant raconté avoir été frappés avec des « bâtons en fer, des matraques et des crosses de pistolet », avant d’être renvoyés vers la Bosnie.

« L’Union européenne ne peut plus rester silencieuse et ignorer délibérément les violences et les abus commis par la police croate à la frontière », a déclaré dans le communiqué Massimo Moratti, directeur adjoint de l’antenne européenne d’Amnesty.

« Leur silence permet, et encourage même les auteurs de ces abus à continuer sans conséquences. La Commission européenne doit enquêter sur les derniers rapports faisant état d’horribles violences policières à l’encontre des migrants et des demandeurs d’asile », a-t-il ajouté.

Dans son communiqué, le ministère de l’Intérieur « rejette l’idée qu’un policier croate puisse faire une telle chose et avoir un mobile pour cela », ajoutant cependant qu’une enquête serait ouverte sur ces accusations.

Le ministère « rappelle » qu’au moment du « présumé incident, une rixte entre migrants a éclaté en Bosnie près de la frontière croate », faisant « deux morts et un grand nombre de blessés parmi les migrants ».

Le journal britannique Guardian avait rapporté à la mi-mai que des migrants avaient été battus en zone frontalière, certains ayant affirmé que des policiers leur avaient dessiné des croix sur la tête avec les bombes de peinture. La police croate a démenti.