L’opposant numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, a appelé mardi ses partisans à participer en nombre à une manifestation prévue samedi pour marquer les cinq ans de l’assassinat de l’homme politique d’opposition Boris Nemtsov.

« Le Kremlin va regarder combien de gens participent à la marche pour Nemtsov. De cela dépendra avec quel cynisme ils continueront l’opération pour garder Poutine au pouvoir. Et de cela dépendra le futur des prisonniers politiques », a écrit l’opposant sur Twitter.

Autorisée par les autorités, la marche de samedi est la première manifestation d’importance prévue en Russie depuis que Vladimir Poutine a annoncé une révision constitutionnelle qui renforcera plusieurs prérogatives du président et du Parlement, et musclera le rôle du Conseil d’Etat, un organe jusqu’alors consultatif.

Pour beaucoup d’analystes, Vladimir Poutine organise avec cette réforme l’après 2024, en se laissant le maximum de portes ouvertes pour préserver son influence tout en quittant le poste de président puisqu’il ne pourra pas se représenter.

C’est aussi la première manifestation d’importance depuis celles ayant secoué la capitale russe durant l’été 2019 pour protester contre l’invalidation des candidatures d’opposants aux élections locales.

Si la manifestation est organisée pour commémorer la mort de Boris Nemtsov et appeler les autorités à trouver le commanditaire de l’assassinat, un de ses organisateurs, l’opposant Ilia Iachine, a indiqué qu’elle était aussi une façon de rappeler au président Poutine qu’il ne peut pas rester au pouvoir éternellement.

« Il y a des moments où vous ne pouvez pas juste rester à la maison (…) Poutine ne peut pas rester au pouvoir pour toujours, il est temps de le lui rappeler », a-t-il déclaré.

Boris Nemtsov, qui jouait un rôle important dans l’opposition à Vladimir Poutine et avait été vice-premier ministre à l’époque du président Boris Eltsine, a été abattu de quatre balles tirées à bout portant sur un pont à deux pas du Kremlin, le 27 février 2015.

En juillet 2017, cinq hommes originaires des républiques de Tchétchénie et d’Ingouchie, dans le Caucase russe, ont été condamnés pour ce meurtre à des peines de 11 à 20 ans de prison, mais le commanditaire de ces meurtres n’a jamais été trouvé.