Les médias libériens s’interrogent mardi sur l’état de santé du nouveau président Joseph Boakai après sa défaillance la veille lors de son discours d’investiture, et sur l’organisation de la cérémonie sous une chaleur étouffante, qui a causé la mort d’un spectateur.

Un Libérien de 48 ans habitant aux États-Unis s’est effondré en assistant à la cérémonie en raison d’un épuisement dû à la chaleur. Son décès a été confirmé à l’AFP par le chef de l’hôpital de Monrovia qui a reçu sa dépouille.

M. Boakai, 79 ans, a dû faire une pause et a terminé son discours assis lors de la cérémonie devant le Parlement en présence de délégations étrangères et de notables locaux. Le programme prévu pour le reste de la cérémonie a été brusquement interrompu en raison de l’incident.

« L’épuisement lié à la chaleur a contribué aux quelques minutes d’interruption de son discours, mais celui-ci s’est terminé avec succès et ses médecins ont conseillé au président de rentrer chez lui », a déclaré à l’AFP après la cérémonie Amos Tweh, secrétaire général du parti de M. Boakai.

« Le président n’a pas été transporté à l’hôpital. Tout s’est bien passé, le président est normal et se porte bien. Il a repris ses fonctions habituelles », a-t-il ajouté.

Les médias locaux ont débattu mardi matin de l’état de santé du président. Certains ont affirmé que l’incident montrait que M. Boakai était trop vieux pour prendre ses fonctions, tandis que d’autres ont reproché aux organisateurs de ne pas avoir prévu un dispositif pour rafraîchir les invités.

Une correspondante de l’AFP a constaté que la foule était dense et que des invités n’avaient pas d’ombre. La température avoisinait les 29 degrés, avec un fort taux d’humidité.

Joseph Boakai, vétéran de la politique libérienne, vice-président de 2006 à 2018 sous la présidence d’Ellen Johnson Sirleaf, a remporté au second tour la présidentielle en novembre 2023 avec 50,64% des voix, contre 49,36% pour son adversaire George Weah.

Dans son discours, il a insisté sur l’unité et la lutte contre la corruption et s’est engagé à améliorer les services de base pour les Libériens.

Il a également déclaré que son gouvernement étudierait la possibilité d’ouvrir un tribunal des crimes de guerre et des crimes économiques (WECC).

Vingt ans après la fin des guerres civiles qui ont fait plus de 250.000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace dans ce pays ouest-africain, aucun crime n’a été jugé au Liberia.

George Weah, président de 2018 à 2024, avait aussi fait étudier la création d’un tribunal pour crimes de guerre réclamé de longue date par la communauté internationale et des militants locaux, mais il avait finalement renoncé.

« Nous ne pouvons pas rester indéfiniment insensibles à cette tragédie nationale sans y mettre un terme », a dit Joseph Boakai lors de son investiture.