Le président libanais Michel Aoun a lancé jeudi des consultations parlementaires pour désigner un nouveau Premier ministre, avec pour favori l’ancien chef du gouvernement Saad Hariri dont la nomination pourrait provoquer la colère des contestataires dans un pays en crise.

Une majorité de députés ont annoncé leur soutien à la candidature de M. Hariri, dont le gouvernement avait démissionné il y a un an sous la pression d’un soulèvement populaire inédit fustigeant les manquements d’une classe politique quasi-inchangée depuis des décennies.

Jeudi matin, les représentants des différents blocs parlementaires se succédaient au palais présidentiel de Baabda, près de Beyrouth, où M. Aoun a « débuté les consultations pour désigner le Premier ministre chargé de former un nouveau gouvernement », a indiqué la présidence sur Twitter.

La veille, sans le nommer explicitement, le président avait averti que M. Hariri aurait la lourde responsabilité de lutter contre la corruption et lancer des réformes.

Au Liban, pays multiconfessionnel où les mêmes partis dominent depuis des décennies la scène politique, les dirigeants sont abonnés aux marchandages interminables qui font traîner pendant des mois la formation de tout gouvernement.

« J’ai perdu un an et 14 jours de mon mandat en raison des formations de gouvernement qui étaient dirigées par M. Hariri », a déploré mercredi M. Aoun.

Son parti, le Courant patriotique libre (CPL), s’oppose à la nomination de M. Hariri.

Cependant, l’homme d’affaires quinquagénaire, qui a déjà dirigé trois gouvernements, jouit du soutien de la plupart des députés sunnites et de la formation du chef druze Walid Joumblatt.

Le bloc du Hezbollah chiite, poids lourd de la politique libanaise, « n’a pas donné de nom », mais son principal allié, le mouvement Amal, appuie la désignation de M. Hariri.

Le Liban avait connu en octobre 2019 des manifestations monstres dénonçant la classe politique accusée de corruption et d’incompétence, mais aussi un effondrement économique qui n’a fait qu’empirer depuis.

Le gouvernement actuel de Hassan Diab a démissionné dans la foulée de l’explosion dévastatrice le 4 août au port de Beyrouth.