Les autorités de La Mecque ont appelé à arrêter une rappeuse saoudienne qui offense selon elles les coutumes des habitants de la ville sainte, contrastant avec les récentes levées de restriction sur les divertissements dans le royaume ultraconservateur.

Dans une vidéo postée en ligne et intitulée « Mecca Girl » (« La fille de La Mecque »), la rappeuse, voilée et portant des lunettes de soleil, salue le courage des femmes vivant à La Mecque et les qualifie de « bonbons en sucre ».

Le gouverneur de La Mecque, Khaled al-Faiçal, a ordonné l’arrestation de la chanteuse, estimant sur Twitter que la jeune femme, dont le nom de scène est Asayel Slay, « offense les coutumes et traditions » des habitants de La Mecque, la ville la plus sainte de l’islam.

Les propos de M. Faiçal ont suscité sur Internet une vague d’indignation.

« Je viens de La Mecque et la seule chose que je trouve offensante est votre racisme et misogynie et votre guerre contre une jeune femme », a déclaré sur Twitter un internaute saoudien, en référence notamment au fait que la jeune femme est noire.

« C’est si typique du gouvernement saoudien: inviter des influenceurs occidentaux pour laver les crimes du régime mais attaquer les véritables femmes saoudiennes qui essaient d’exprimer artistiquement leur identité culturelle », a réagi une autre internaute.

Sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, homme fort du royaume cherchant à le débarrasser de son image ultraconservatrice, Ryad encourage l’essor des divertissements sur son territoire.

Un festival de musique électronique a ainsi été organisé en décembre près de la capitale, auquel ont assisté de nombreuses Saoudiennes, parfois non voilées.

Mais cet assouplissement des normes sociales –bien accueilli par les habitants, dont les deux tiers ont moins de 30 ans– s’est aussi accompagné d’une répression des opposants.

Les ONG ont ainsi dénoncé l’arrestation de journalistes, d’écrivains et de militants en novembre, et le royaume reste scruté par la communauté internationale sur son bilan en matière de droits humains.