Le pape François a fustigé le souverainisme, une attitude de « fermeture » qui « mène à la guerre », et a jugé que le populisme avait un discours « très proche », dans un entretien publié vendredi dans La Stampa, au beau milieu d’une crise politique déclenchée en Italie par le leader d’extrême droite Matteo Salvini.
« Le souverainisme est une attitude d’isolement. Je suis préoccupé parce qu’on entend des discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934. +Nous d’abord. Nous…nous+: ce sont des pensées qui font peur », a souligné le souverain pontife, dans l’interview au quotidien turinois, sans évoquer d’homme politique ni de pays en particulier.
L’homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini, chef de la Ligue, a fait éclater jeudi la coalition au pouvoir dans laquelle il était allié au Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), provoquant une crise politique.
M. Salvini, qui se dit ami du dirigeant hongrois Viktor Orban et de la cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen, revendique appartenir à un « front souverainiste » dont le but est de « chasser les oligarques européens ».
En cas d’élections anticipées à l’automne, M. Salvini devrait concourrir seul et les sondages lui prédisent une large victoire avec l’appoint du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.
« Un pays doit être souverain, mais pas fermé. La souveraineté doit être défendue, mais les rapports avec d’autres pays, avec la Communauté européenne, doivent également être défendus. Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal: elle mène à la guerre », a ajouté le pape.
Interrogé sur « le populisme », il a estimé qu’il s’agissait « du même discours ». « Les populismes nous mènent aux souverainismes: ce suffixe en +isme+ ne fait jamais du bien », a-t-il asséné.
Pour François, l’Europe, qui représente « l’unité », « ne doit pas se dissoudre ». « Elle s’est affaiblie avec les années, aussi en raison de quelques problèmes de gouvernance, de dissensions internes. Mais il faut la sauver. Après les élections, j’espère qu’un processus de relance va commencer », a-t-il dit, en saluant la nomination d’une femme à la tête de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen.
Le pape évoque régulièrement le danger de la montée des partis populistes anti-immigration, sans jamais nommer les pays ou dirigeants concernés.