Une vidéo publicitaire de Nike évoquant le racisme et le harcèlement au Japon a suscité une polémique sur les réseaux sociaux dans ce pays, certains utilisateurs appelant au boycott de la marque sportive.

Le film de deux minutes, posté lundi par le sponsor de la championne de tennis métisse nippo-haïtienne Naomi Osaka, a dépassé mercredi les 14 millions de vues.

Intitulé « Continuer à bouger: soi-même, l’avenir », il montre trois adolescentes, harcelées à l’école à cause de leurs origines ou de leurs différences, prendre confiance en elles grâce à leurs prouesses sportives, ballon de football au pied.

La vidéo a suscité des opinions très partagées également sur Youtube où elle avait reçu mercredi plus de 50.000 pouces levés (« j’aime ») et 30.000 pouces baissés (« je n’aime pas »), beaucoup de ses détracteurs accusant Nike d’être anti-japonais.

Malgré un nombre de mariages mixtes en augmentation, les préjugés raciaux restent vifs au Japon vis-à-vis des enfants métis, appelés « hafu » (de l’anglais « half » ou moitié) dans l’archipel. La Japonaise métisse Ariana Miyamoto, élue Miss Japon 2015, avait ainsi subi des déluges d’injures sur les réseaux sociaux.

Une scène de la vidéo de Nike montre une jeune fille vêtue d’un costume traditionnel coréen dévisagée par des passants et, dans une autre, une adolescente dont le père est noir entourée par ses camarades d’école qui lui touchent les cheveux.

Naomi Osaka, née au Japon d’une mère japonaise et d’un père haïtien, fait une apparition dans le clip, sur le smartphone d’une des jeunes filles.

« Au revoir Nike », a écrit un utilisateur de Twitter en japonais. « Notre famille n’achètera plus vos produits. »

« Le sport n’est-il pas un moyen de s’amuser? Est-ce amusant de l’utiliser pour évacuer ses frustrations? », s’est interrogé un autre.

Certains ont cependant approuvé le message. « Cette superbe publicité m’a vraiment touché. Ca, c’est bien Nike. Je veux que les gens croient en eux-mêmes, s’acceptent comme ils sont et regardent vers l’avenir », a estimé un internaute.

Plusieurs athlètes métis comme Naomi Osaka ou le basketteur évoluant en NBA Rui Hachimura ont accédé à la notoriété au Japon ces dernières années.

La championne de tennis, qui a pris position cet été en faveur du mouvement Black Lives Matter, a porté sur ses masques les noms de victimes noires de la brutalité policière aux Etats-Unis, alors qu’elle se hissait au sommet du tableau de l’US Open cette année.

Mais elle a dû faire face à un manque de sensibilité raciale au Japon, dont elle espère porter les couleurs aux Jeux olympiques de Tokyo l’été prochain.

L’an dernier, la société japonaise de nouilles instantanées Nissi avait dû retirer un dessin animé publicitaire la mettant en scène après avoir été accusée de lui blanchir sciemment la peau.