Des femmes de Conakry ont bloqué jeudi les accès au centre ville de la capitale de la Guinée avant d’être rejointes par d’autres protestataires lors d’un mouvement de contestation spontané et rare sous la junte, ont rapporté un correspondant de l’AFP et les sites d’information.

De petits groupes de femmes ont dressé des barrages avec des moyens de fortune comme des pierres tôt dans la matinée à l’heure où le trafic commence à affluer de la banlieue. Le centre de Conakry, siège des affaires politiques et économiques, se trouvant sur une presqu’île, les entrées peuvent en être aisément fermées.

Le mouvement est parti du quartier de Coronthie, situé sur la péninsule, l’un des plus durement touchés par l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de la Guinée en décembre. Le sinistre a fait 25 morts et des centaines de blessés. Il a causé de très gros dégâts, mais aussi de graves perturbations de l’activité économique.

Les femmes réclamaient initialement l’aide qui leur a été promise après le drame pour réparer leurs maisons, selon des témoignages recueillis sur place par un correspondant de l’AFP et les médias locaux. Certaines s’étonnent de ne pas voir se matérialiser l’afflux de dons dont l’explosion a suscité la promesse.

Sur ces revendications se sont greffées des protestations contre l’augmentation des prix des produits de première nécessité, contre la répression de l’opposition et contre les restrictions imposées à internet. Les médias sociaux ont publié des photos de femmes brandissant des écriteaux proclamant “Arrêtez les tueries. Arrêtez le sale boulot, ça suffit comme ça. La Guinée souffre ».

De jeunes hommes se sont joints à la contestation et ont lancé des pierres vers les forces de sécurité qui ont riposté à l’aide de gaz lacrymogène. Les forces de sécurité ont finalement dispersé les manifestants et libéré le passage, a rapporté le site d’information GuinéeNews.

Ces protestations sont un rare acte de contestation non-organisée sous les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021. La junte conduite par le général Mamadi Doumbouya a interdit toutes les manifestations en 2022. Depuis 2021, elle a fait arrêter un certain nombre de dirigeants de l’opposition, des membres de la société civile et de la presse, et a lancé des poursuites contre d’autres. L’accès à internet est sévèrement restreint depuis plusieurs semaines.