La Cour de cassation française a validé mercredi le non-lieu dont a bénéficié Wenceslas Munyeshyaka, un prêtre rwandais installé dans le nord-ouest de la France, qui était visé par la plus ancienne plainte dans ce pays liée au génocide de 1994 au Rwanda.

Dans un arrêt consulté par l’AFP, la plus haute juridiction judiciaire a rejeté les recours formés par les parties civiles, dont plusieurs associations, afin de s’opposer à la décision rendue par la justice française concernant ce prêtre de 61 ans vivant aujourd’hui en Normandie.

Ces recours « ne peuvent être accueillis », l’arrêt de la cour d’appel de Paris rendu dans l’affaire Wenceslas Munyeshyaka étant « régulier en la forme », a estimé la Cour de cassation.

Une décision qui rend définitive l’ordonnance de non-lieu rendue en octobre 2015 par les juges du pôle Crimes contre l’humanité sur le rôle joué par ce prêtre dans le génocide rwandais.

« Pour les rescapés, c’est une immense déception que ce dossier se clôture ainsi », a réagi auprès de l’AFP Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), association en pointe dans les poursuites de présumés génocidaires réfugiés en France.

« Nous aurions aimé que les faits reprochés » à M. Munyeshyaka « soient analysés devant une cour d’assises, lors d’une audience publique », a ajouté le responsable du CPCR, à l’origine du pourvoi en cassation au côté notamment de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).

Au terme d’une enquête de près de 20 ans nourrie par des centaines de témoignages, les juges d’instruction avaient estimé en 2015 que la passivité de M. Munyeshyaka face aux massacres ne pouvait suffire à l’accuser de « génocide » et à le juger devant une cour d’assises.

L’accusation des témoins la plus fréquente est « son absence de réaction lors de ces exactions » mais « peu de témoins » ont rapporté « une contribution active » aux intrusions meurtrières des miliciens hutus, avaient souligné les juges d’instruction pour justifier leur décision.

A l’époque des massacres, Wenceslas Munyeshyaka officiait comme vicaire dans la paroisse de la Sainte-Famille, à Kigali, où des milliers de civils ont été accueillis. Dans son église, le prêtre circulait armé et protégé par un gilet pare-balles.

Le génocide rwandais a fait selon l’ONU quelque 800.000 morts, principalement au sein de la minorité tutsi, entre avril et juillet 1994.