Dans toutes les grandes villes de France, des milliers de manifestants se mobilisaient samedi contre le racisme et les violences policières, sur fond de colère chez les forces de l’ordre et à la veille d’une allocution du président Emmanuel Macron.

Des milliers de personnes étaient rassemblées à Paris en début d’après-midi sur la place de la République avant de défiler jusqu’à la place de l’Opéra, à l’appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne.

Assa Traoré, la soeur du jeune homme et figure du comité, a appelé à marcher pour « dénoncer le déni de justice, pour dénoncer la violence sociale, raciale, policière », réclamant à nouveau la mise en examen des gendarmes impliqués dans l’interpellation de son frère.

« La mort de George Floyd – cet Afro-américain tué le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc – a fait directement écho la mort de mon frère. C’est la même chose en France, nos frères meurent (…) », a-t-elle dit, promettant de « continuer le combat » pour la justice.

Dans la foule, de nombreux jeunes portaient des T-shirts noirs floqués de la demande portée depuis quatre ans par la famille Traoré: « Justice pour Adama ». Sur des pancartes, on lisait : « Au pays des droits de l’Homme, la police tue, on veut les vidéos » ou « tant que nous n’aurons pas la justice, vous n’aurez pas la paix ».

Le 2 juin, le comité Adama avait réussi à mobiliser 20.000 personnes devant le tribunal judiciaire de Paris,s’imposant comme le fer de lance de la lutte contre les violences policières. Son discours s’est élargi, de la dénonciation de violences policières à celle d’un « racisme systémique », trouvant un écho puissant après la mort de George Floyd, qui a suscité une vague d’indignation planétaire.

Dans un communiqué publié samedi, Amnesty International a appelé à « une réforme systémique des pratiques policières » en France. « La gravité de la situation nécessite une réponse globale des autorités », écrit l’ONG, saluant « l’abandon de la technique [d’interpellation] de l’étranglement », annoncé lundi par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

D’autres défilés sont prévus notamment à Marseille, Lyon, Montpellier, Nantes, Saint-Nazaire, Bordeaux ainsi qu’à Strasbourg dimanche.

Le racisme est « une maladie qui touche toute la société », avait déclaré mercredi en conseil des ministres Emmanuel Macron, dont une allocution prévue dimanche soir sera autant scrutée par les cortèges antiracistes que les policiers.