Les bureaux de vote ont ouvert dans le calme au Ghana, où plus de 17 millions d’électeurs sont attendus aux urnes lundi pour élire leur président, dans un duel où s’affrontent le chef de l’Etat sortant Nana Akufo-Addo et son rival de toujours, l’ancien président John Mahama.
« Tout se passe bien, comme il faut! », s’enthousiasmais John Mensah, steward de 56 ans en sortant d’un bureau de vote de Bawalshie, quartier aisé de la capitale Accra.
Une soixantaine d’électeurs faisaient la queue à l’ouverture du bureau à 08h00 (07H00 GMT), la plupart d’entre eux portant des masques de protection contre le coronavirus.
Le chef de l’Etat, en lice pour un second mandat, a assuré dimanche soir dans un discours à la nation que les 38.000 bureaux de vote du pays devaient respecter les protocoles sanitaires contre la pandémie de Covid-19 et seraient équipés de gel hydroalcoolique et de machines pour détecter la température des électeurs.
Les Ghanéens ont jusque 17H00 GMT pour choisir entre douze candidats, dont trois femmes, pour le poste de la magistrature suprême et élire leurs 275 députés.
Les deux principaux adversaires se retrouvent pour la troisième fois consécutive et une fois encore, les résultats pourraient être serrés: en 2012, M. Mahama du Congrès National Démocratique (NDC) l’avait emporté avec 50,7% des voix, puis en 2016 ce fut M. Akufo-Addo, leader du Nouveau Parti Patriotique (NPP), avec 53,8%.
Ennemis politiques historiques, ils se sont toutefois engagés à respecter les résultats et à garantir « la paix et la sécurité » dans le pays, réputé pour être un exemple de démocratie et de stabilité en Afrique de l’Ouest, région secouée cette année par des scrutins contestés et violents comme en Côte d’Ivoire voisine.
Depuis 30 ans, « cinq présidents se sont succédé en paix, et ont même légué le pouvoir à l’opposition à trois occasions », a rappelé le chef de l’Etat M. Akufo-Addo, 76 ans, lors d’une traditionnelle adresse à la Nation en amont du vote.
C’est d’ailleurs avec grande fierté que les électeurs ghanéens se targuent de la stabilité de leur pays et de leur système démocratique.
« Tout ira bien, peu importe qui gagne, nous serons satisfaits », confiait à l’AFP Esther Tettey, 27 ans, serveuse.
« Moi je ne veux pas de changement », explique Vida Agyakumaa, mère de famille de 44 ans. « Je veux Nana pour qu’il garantisse l’éducation gratuite ».
« Education gratuite »
Même si le chef de l’Etat sortant pourrait bénéficier d’un bilan plutôt positif sur le plan économique, diplomatique et social avec la création de lycées gratuits et un meilleur accès à l’éducation pour tous, le chômage des jeunes, le manque d’infrastructures, et l’accès à la santé restent des enjeux dans cette campagne.
Depuis les années 2000, ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une des plus fortes croissances au monde, et le taux d’extrême pauvreté a été divisé par deux en moins de 25 ans.
Mais certaines régions, notamment dans le Nord, continuent de vivre dans le plus grand dénuement, sans eau potable ou électricité.
Surtout, la crise provoquée par le coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9%, selon le FMI, soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans.
Le président sortant a été salué pour sa gestion de cette crise, et s’il a tenu certaines de ses promesses, notamment sur l’éducation et l’accès à l’électricité, il a déçu sur son engagement principal: lutter activement contre la corruption.
En novembre, le procureur spécial anticorruption a démissionné, accusant M. Akufo-Addo d’obstruction dans son travail.
De son côté, M. Mahama, considéré comme un homme avenant et proche du peuple, devra faire oublier les accusations de mauvaise gestion économique qui avaient empêché sa réélection.
Cette année, il peut toutefois compter sur sa colistière, Jane Naana Opoku-Agyemang, une ancienne ministre de l’Education, réputée intègre et originaire du Centre, une région-clé pour remporter le scrutin.
Le vainqueur devra remporter plus de 50% des suffrages et les résultats devraient être connus dans les 24 heures suivant le scrutin, mais la Commission électorale a fait savoir dimanche que ce délai « n’était pas inscrit dans le marbre ».