Les députés éthiopiens ont prolongé vendredi l’état d’urgence en vigueur depuis août dans l’Etat régional de l’Amhara, le deuxième le plus peuplé d’Ethiopie, où des milices locales ont pris les armes depuis presque un an contre l’armée fédérale.

« Après avoir entendu les explications du ministre de la Justice Gedion Thimotiows qui a présenté la résolution », la Chambre des Représentants du Peuple « a approuvé » la prolongation de l’état d’urgence dans la région septentrionale Amhara, a indiqué la chambre basse du Parlement dans un communiqué posté sur sa page Facebook.

Le communiqué ne précise pas la durée de cette prolongation mais elle ne peut excéder quatre mois, selon la Constitution du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. L’article 93 prévoit que l’état d’urgence est initialement décrété pour six mois, après quoi les députés ne sont autorisés à le prolonger que par périodes successives de quatre mois.

La résolution, qui devait recueillir les deux tiers des voix des députés, a été « approuvée à une majorité des voix, avec seulement deux votes contre et trois abstentions », précise simplement la chambre où le Parti de la Prospérité du Premier ministre, Abiy Ahmed, occupe plus de 95% des sièges.

L’instauration depuis six mois de l’état d’urgence en Amhara n’a pas permis jusqu’ici d’étouffer la rébellion des Fano, des milices populaires amhara « d’autodéfense », et de rétablir l’ordre dans la région.

Les Fano, comme de nombreux Amhara, s’estiment trahis par l’accord de paix signé par Abiy Ahmed en novembre 2022 avec les dirigeants dissidents de la région voisine du Tigré, ennemis de longue date des nationalistes amhara qui revendiquent des « terres ancestrales » administrativement rattachées au Tigré.

Durant les deux ans de conflit au Tigré, les forces amhara ont en effet prêté main-forte à l’armée fédérale contre les rebelles tigréens et en avril 2023, une tentative du gouvernement fédéral de désarmer Fano et forces amhara a mis le feu aux poudres en Amhara.

Les Fano multiplient depuis les opérations de guérilla contre l’armée fédérale et sont parvenues ces derniers mois à notamment prendre brièvement le contrôle de localités importantes, telles que Gondar, l’ex-capitale impériale, ou la ville sainte de Lalibela.

L’état d’urgence en Ethiopie transfère la responsabilité de la sécurité à des « Postes de commandement » militaires et suspend un certain nombre de droits et libertés. Il permet notamment des arrestations et perquisitions sans mandat et élargit les motifs et délais de détention sans décision judiciaire.

Il s’applique en Amhara, mais concerne aussi sur tout le reste du territoire éthiopien quiconque est suspecté d’implications dans les violences dans cette région.

L’Etat régional de l’Amhara est peuplé à plus de 90% d’Amhara, deuxième communauté ethno-linguistique du pays dont est issue l’ancienne élite politique du pays, notamment la dynastie impériale éthiopienne moderne.