EncroChat, réseau de communications dont plusieurs autorités judiciaires européennes ont annoncé jeudi le démantèlement, était spécialisé dans la vente de téléphones cryptés au service d’organisations criminelles en garantissant un « anonymat total » et une parfaite « impunité » à ses clients, même en cas d’arrestation.

« Détectés » en 2017 par l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie française, ces téléphones étaient utilisés quasi-exclusivement – entre 90% et 100% – par des personnes « se livrant à des activités criminelles », selon les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises.

Non déclarée en France, cette solution de communication chiffrée était notamment mise en oeuvre depuis des serveurs installés dans l’hexagone, au profit d’une clientèle mondiale.

Les appareils étaient vendus environ 1.000 euros, avec des abonnements offrant une couverture mondiale et une assistance technique 24h/24 et 7 jours/7, pour un coût de 1.500 euros pour six mois.

EncroChat promettait un anonymat « parfait » à ses utilisateurs et des conditions d’acquisition intraçables, n’associant ni terminal mobile ni carte SIM à leurs comptes clients.

Les téléphones – de type Blackberry ou Android – étaient entièrement « modifiés », la société retirant généralement les micros, caméras, systèmes GPS et ports USB. Ils étaient équipés d’un logiciel de messagerie instantanée cryptée, couplé à une infrastructure sécurisée.

Un « double système d’exploitation » permettait aux utilisateurs de lancer le téléphone de manière classique ou via l’interface cachée conçue par Encrochat.

Suppression automatique des messages sur les appareils des destinataires, code PIN spécial permettant la destruction immédiate de toutes les données, effacement du terminal en cas de saisies consécutives d’un mot de passe erroné: plusieurs fonctionnalités étaient « visiblement développées pour permettre d’effacer rapidement les messages compromettants, par exemple lors d’une interpellation », selon l’organisme de coopération judiciaire Eurojust.

Le téléphone pouvait enfin être effacé à distance par le centre d’assistance d’EncroChat.

En 2020, plus de 50.000 téléphones EncroChat étaient actifs dans le monde dont 12.000 aux Pays-Bas, selon les autorités judiciaires néerlandaises.

Des centaines d’utilisateurs identifiés sont aujourd’hui suspectés d’y avoir « planifié » des meurtres, agressions violentes ou enlèvements, ou encore d’y avoir « organisé » le trafic de drogue ou d’armes.

La société s’était fortement développée ces dernières années suite au démantèlement de ses concurrents Ennetcom et PGP Safe.