Sa pièce d’identité, certaines de ses chemises bariolées: une vente aux enchères des effets personnels de Nelson Mandela, prévue le mois prochain à New York, pourrait être compromise, la vente suscitant la colère du gouvernement sud-africain qui s’y oppose.

« L’ancien président Nelson Mandela fait partie intégrante du patrimoine sud-africain », a fustigé vendredi le ministre de la Culture Zizi Kodwa dans un communiqué, appelant à ce que les témoignages de « l’œuvre de sa vie restent dans le pays ».

Un recours a été déposé pour bloquer « l’exportation non autorisée » de certains objets à destination d’une société d’enchères américaine en lien avec la fille du premier président noir sud-africain, Makaziwe Mandela, a poursuivi le ministre.

Une centaine d' »objets précieux » ayant appartenu au héros de la lutte anti-apartheid figurent dans le catalogue de la vente, selon le site internet de la maison d’enchères Guernsey’s.

Une chemise en jacquard de soie noire, que Mandela portait lorsqu’il a rencontré la reine Elizabeth en 1996, est proposée au prix de départ de 34.000 dollars. Un porte-document en cuir d’autruche est proposé à 24.000 dollars. Des échanges épistolaires et des cadeaux de Barack Obama et Bill Clinton figurent aussi dans le lot.

L’original de la pièce d’identité de Mandela, datant de 1993, est proposé à partir de 75.000 dollars.

Il s’agit d’une vente « exceptionnelle » et « sans précédent », a souligné la maison Guernsey’s. « Il est presque impensable d’imaginer posséder un artefact ayant appartenu à ce grand dirigeant ».

Mais le courroux de Pretoria met la société d’enchères américaine « dans la position très, très difficile de devoir se demander si nous allons poursuivre la vente aux enchères », a avoué le président Guernsey’s, Arlan Ettinger, joint au téléphone par l’AFP.

« Ces objets peuvent difficilement être qualifiés comme étant culturellement ou historiquement significatifs », a-t-il toutefois poursuivi, les décrivant comme une « petite collection d’objets personnels », qui sinon finiraient « sur des étagères dans un placard quelque part et oubliés avec le temps ».

Selon Guernsey’s, la fille de Mandela a autorisé la vente afin de récolter des fonds pour la construction d’un jardin en mémoire du Nobel de paix, près de sa tombe, dans son village d’enfance de Qunu (sud).

L’AFP n’a pas pu joindre Makaziwe Mandela.

Annoncée initialement en 2021, la vente avait été suspendue. L’Agence sud-africaine des ressources patrimoniales (SAHRA) avait saisi la justice, au motif que l’enchère incluait des objets d’importance historique et culturelle.

Les juges sud-africains ont finalement donné leur feu vert en décembre, mais un nouveau recours a été déposé.

La clé de la cellule de Nelson Mandela à Robben Island, qui faisait partie du premier catalogue, n’y figure plus.

Mandela est mort en 2013 à 95 ans. La vente doit lieu le 22 février au Lincoln Center.