L’épave du sous-marin argentin San Juan, disparu le 15 novembre 2017 avec 44 membres d’équipage, a été localisée dans la nuit de vendredi à samedi au fond de l’Atlantique, la fin d’une longue attente pour les familles des marins.

« Le ministère de la Défense et la Marine argentine informent que l’investigation du point numéro 24 par (le navire de la société) Ocean Infinity, réalisée à l’aide d’un mini sous-marin à 800 mètres de profondeur, a permis la localisation positive de l’ARA San Juan », selon l’annonce publiée sur le compte Twitter de la Marine.

Avant l’annonce officielle, les autorités argentines ont réuni les familles des victimes dans l’hôtel de Mar del Plata, où ils sont hébergés depuis des mois.

« Nous sommes détruits. Ils disent qu’ils vont nous montrer des photos. C’est fini. Nous avons été pris par surprise, nous pensions que le bateau repartait. on croyait qu’ils ne le retrouveraient pas », a réagi Yolanda Mendiola, dont le fils Leandro Cisneros, 28 ans, était à bord du San Juan.

« Maintenant, j’imagine qu’ils vont le remonter, ils nous avaient averti que s’il était à moins 1.200 mètres, ils avaient la technologie pour le sortir du fond ».

– L’enquête va progresser –

Depuis septembre, les recherches étaient menées par Ocean Infinity, une société privée américaine, engagée par le gouvernement argentin pour poursuivre les recherches, la Marine ne disposant pas du matériel nécessaire.

Alors qu’il devait mettre le cap vers l’Afrique du Sud pour une opération de maintenance, l’équipage a décidé d’inspecter une zone qu’il n’avait pas pu explorer cette semaine en raison du mauvais temps.

« Grâce à Dieu, il est arrivé à trouver la zone » où le submersible a sombré, a déclaré à la chaîne de télévision argentine Todo Noticias le porte-parole de la Marine Rodolfo Ramallo.

Fin 2017 et début 2018, des navires, avions et petits submersibles commandés à distance provenant de 13 pays avaient tenté de localiser le sous-marin, en vain.

« Maintenant, c’est un autre chapitre qui s’ouvre », a poursuivi le porte-parole. Une inspection de la coque et de l’intérieur du San Juan, va permettre de faire avancer l’enquête et d’expliquer pourquoi le sous-marin a sombré.

« Maintenant, nous voulons savoir ce qui s’est passé, exige Yolanda Mendiola. Il y a eu des défaillances, c’est sûr. La justice doit enquêter. S’il y a des coupables, ils doivent être punis. Vous imaginez? Ils étaient 44 ».

C’est un robot sous-marin équipé d’une caméra qui a capté des images du sous-marin, à environ 400 km des côtes de la Patagonie.

« J’avais encore un espoir qu’ils soient vivants », a déclaré Luis Niz, père d’un des sous-mariniers, la gorge serrée.

– Avarie signalée –

La découverte intervient au lendemain d’un hommage rendu aux 44 sous-mariniers, à la base navale de Mar del Plata, en présence du président argentin Mauricio Macri, à l’occasion du premier anniversaire de leur disparition.

Ocean Infinity avait dépêché dans l’Atlantique sud le navire Seabed Constructor, équipé de la technologie la plus sophistiquée, dont les caméras sous-marines sont capables de filmer les fonds marins jusqu’à 6.000 mètres de profondeur.

La société américaine avait conclu un accord avec l’Etat argentin prévoyant qu’elle toucherait 7,5 millions de dollars si elle localisait le San Juan, dont la disparition a profondément ému l’Argentine.

Le sous-marin TR-1700 à propulsion diesel et électrique de fabrication allemande, acquis en 1985, était un des trois sous-marins de la marine argentine. En 2014, il avait été remis en état, le système de batterie avait notamment été changé.

La détection d’une explosion sous-marine dans la zone d’opération du submersible accrédite la thèse d’une explosion à bord, probablement des batteries qui propulsaient le sous-marin.

Avant la rupture des communications, le commandant du submersible avait signalé un problème au niveau des batteries, une avarie qui, selon lui, n’était pas un obstacle à la poursuite de la navigation vers sa base de Mar del Plata, un port de l’Atlantique à 400 km de Buenos Aires.

L’observation de l’épave du sous-marin « va permettre d’en savoir plus sur cette tragédie. A cette profondeur, on devrait pouvoir l’inspecter et déterminer la cause de l’accident », selon un officier de la Marine argentine qui a requis l’anonymat.

Une entrée d’eau par une valve défectueuse du « snorkel », la prise d’air du système de ventilation lors des montées à la surface est l’hypothèse privilégiée par les experts.