La Côte d’Ivoire, qui élit son président samedi, connaît de violentes tensions depuis la décision controversée d’Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat présidentiel, faisant craindre une escalade, dix ans après une crise électorale qui avait fait 3.000 morts.
– Ouattara « laisse la place » –
Le 5 mars 2020, le président Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un 3e mandat, annonce qu’il ne se présentera pas à la présidentielle, afin de « laisser la place aux jeunes générations ».
– Gon Coulibaly adoubé –
En mars, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est désigné candidat à la présidentielle par le parti du président, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
– Mort soudaine de Gon Coulibaly –
Le 8 juillet, M. Coulibaly décède, une semaine après son retour de France où il avait été hospitalisé deux mois pour problèmes cardiaques, plongeant le pays dans l’incertitude sur qui représentera la majorité présidentielle.
– Ouattara finalement candidat –
Le 6 août, Alassane Ouattara annonce finalement briguer un 3e mandat, invoquant un « cas de force majeure ».
L’opposition lui conteste le droit de se représenter en vertu de la Constitution qui n’autorise que deux mandats, mais le président estime que la nouvelle loi fondamentale adoptée en 2016 a remis le compteur des mandats à zéro.
L’annonce de sa candidature provoque des manifestations qui dégénèrent, faisant une quinzaine de morts.
Le 22, le président Ouattara est officiellement investi par son parti.
– Gbagbo, Soro et Bédié candidats –
Le 3 septembre, la Commission électorale indépendante indique avoir reçu 44 dossiers de candidature, dont ceux de l’ancien président Laurent Gbagbo et de l’ex-chef rebelle et ancien Premier ministre Guillaume Soro.
Le 6 septembre, Guillaume Soro, ainsi que deux autres candidats, l’ex-président Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan (Premier ministre sous Laurent Gbagbo), déposent des requêtes auprès du Conseil constitutionnel pour faire invalider la candidature d’Alassane Ouattara.
Le 12, Henri Konan Bédié appelle à l’union de l’opposition lors d’un meeting qui rassemble plusieurs dizaines de milliers de militants.
– La candidature de Ouattara acceptée –
Le 14, des manifestations et marches contre la candidature de M. Ouattara dégénèrent en affrontements avec les forces de l’ordre dans plusieurs villes du pays.
Le Conseil constitutionnel valide les candidatures du président Ouattara, d’Henri Konan Bédié, de Pascal Affi Nguessan et du député Kouadio Konan Bertin, dissident du parti de M. Bédié. Il rejette les 40 autres, dont celles de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro.
– L’opposition s’unit –
Le 17, Guillaume Soro affirme se maintenir dans la course de manière « irrévocable » et appelle l’opposition à s’unir.
Le 20, Henri Konan Bédié appelle à la « désobéissance civile », rejoint deux jours plus tard par Pascal Affi N’Guessan.
L’opposition tient un premier grand meeting devant plusieurs dizaines de milliers de personnes à Abidjan le 10 octobre, pour présenter un front uni.
Le 15, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan appellent ensemble au « boycott actif » du « processus électoral ».
A partir du 19, la crise préélectorale fait seize morts et des dizaines de blessés dans des affrontements intercommunautaires à Dabou (50 km à l’ouest d’Abidjan).
Le 22, l’opposition rejette des concessions du pouvoir sur la Commission électorale pour mettre fin à son boycott. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’inquiète d’une « situation tendue ».
Dans une interview publiée le 24 par Le Monde, Alassane Ouattara se dit favorable au retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo après la présidentielle, mais dit vouloir envoyer son ancien allié Guillaume Soro en prison.