Près de 25.000 habitants du nord-est de la Colombie sont soumis à une restriction de leur approvisionnement en eau après l’attaque, attribuée à la guérilla de l’ELN, d’un oléoduc dont le pétrole a contaminé une rivière, ont déclaré mardi les autorités.

Le service d’adduction d’eau a été suspendu par la société responsable de l’aqueduc de la municipalité de Tibu, située près de la frontière vénézuélienne, en raison de la marée noire dans la rivière qui porte le nom de la ville.

La municipalité a déclenché un « plan d’urgence » afin de prévenir toute pénurie.

La conduite « est fermée en raison de traces de pétrole brut, mais le plan d’urgence a été activé (…) nous avons recours à des camions-citernes qui vont de maison en maison », a expliqué à l’AFP le maire de Tibu, Alberto Escalante.

Selon lui, le service d’adduction pourra être rétabli d’ici « une vingtaine de jours » lorsque la décontamination de la rivière sera achevée.

Le gouvernement soupçonne l’Armée de libération nationale (ELN) d’être à l’origine de cette attaque qui s’est produite dimanche.

Ce jour-là, l’ELN a entamé une trêve à l’occasion de la Semaine Sainte dans le pays.

« ll s’agit de la 14e attaque depuis le début de l’année, et l’ELN en est probablement à l’origine », a déclaré le ministre de la Défense Guillermo Botero dans un communiqué.

Interrogé par des journalistes sur cette trêve unilatérale de la guérilla, M. Botero a répondu n’avoir « jamais cru en leur cessez-le-feu ».

Il s’agirait de la deuxième attaque contre l’industrie pétrolière en quatre jours, a confirmé à l’AFP une source au sein de l’entreprise publique Ecopetrol.

D’une longueur d’environ 780 kilomètres, l’oléoduc Cano Limon Covenas est le deuxième plus important du pays.

Historiquement, l’ELN milite pour la nationalisation du pétrole et pratique l’extorsion contre les entreprises étrangères et locales qui exploitent le brut.

Depuis la fin des pourparlers de paix, après l’attentat meurtrier de Bogota en janvier attribué à cette rébellion, l’ELN est repassée à l’offensive.

L’ELN, apparue en 1964 et inspirée du révolutionnaire Ernesto Che Guevara, compte environ 1.800 combattants et opère dans une douzaine des 32 départements colombiens.

Elle est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et leur transformation en parti politique à la suite de l’accord de paix de 2016.