L’attentat contre l’école de la police à Bogota a fait 21 morts et 68 blessés jeudi, ce qui en fait l’attaque la plus meurtrière depuis 2003 dans la capitale d’une Colombie peinant à sortir de plus d’un demi-siècle de conflit armé.
Le président Ivan Duque a décrété un deuil national de trois jours à la suite de cet attentat à la voituré piégée contre la principale école de police du pays, située dans le sud de la capitale.
« Malheureusement, le bilan préliminaire est de 21 personnes décédées, dont l’auteur des faits, et de 68 blessées », a indiqué la police jeudi soir dans un communiqué, précisant que 58 blessés étaient sortis de l’hôpital. Le précédent bilan officiel était de 11 morts et 65 blessés.
L’attentat a été qualifié de « misérable acte terroriste » par le chef de l’État, qui depuis son arrivée au pouvoir en août a durci la lutte contre le trafic de drogue et contre l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla de Colombie.
L’auteur de l’attaque a été identifié comme José Aldemar Rojas Rodriguez. Il est entré à 09h30 (14h30 GMT) dans l’enceinte de l’École des officiers Général Francisco de Paula Santander, au volant d’une camionnette grise chargée de 80 kilos de pentolite, un puissant explosif, selon le procureur général Nestor Humberto Martinez.
Cet homme de nationalité colombienne est mort dans l’attentat, a confirmé à l’AFP une source au sein du parquet. Les autorités n’ont pas précisé s’il était lié à l’un des groupes armés illégaux qui sévissent encore en Colombie, notamment dans le narco-trafic, depuis la paix signée avec l’ex-rébellion Farc en 2016.
– « Acte terroriste démentiel » –
« Nous ne nous reposerons pas avant d’avoir capturé et présenté à la justice le reste des terroristes impliqués », a affirmé M. Duque lors d’une allocution télévisée dans la soirée, ajoutant avoir « décrété trois jours de deuil national (…) en honneur » aux familles des victimes.
L’explosion est survenue à l’issue d’une cérémonie de promotion de jeunes officiers. Il n’a pas été précisé combien de policiers figuraient parmi les victimes.
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière qu’ait subie Bogota depuis un attentat, également à la voiture piégée et commis alors par les Farc, qui avait fait 36 morts, des dizaines de blessés le 7 février 2003, au Nogal, un club très exclusif du nord de la capitale.
Le procureur a précisé que le véhicule utilisé avait passé un contrôle technique en juillet dernier dans l’Arauca, un département frontalier du Venezuela, où l’ELN est présente.
Une employée du service de santé des forces armées a précisé à la radio que la voiture piégée était entrée « soudainement » dans l’école, « percutant presque les policiers et tout de suite il y a eu l’explosion ».
Une commerçante ouvrait sa boutique de confection quand la vitrine a volé en éclats. « Lorsque nous avons regardé vers l’école, le ciel était gris de fumée. Les gens couraient, les sirènes… C’était horrible, horrible, on aurait dit la fin du monde », a déclaré à l’AFP cette femme de 62 ans, Rosalba Jimenez.
– Condamnations unanimes –
L’attentat a été unanimement condamné, en particulier par le bureau de l’ONU en Colombie, les États-Unis, le Venezuela voisin et les Farc, qui ont exprimé leur solidarité avec les victimes.
Presque un an auparavant, le 29 janvier 2018, la police avait été la cible d’une attaque à la voiture piégée à Barranquilla, sur la côte caraïbe (nord). Six policiers avaient été tués et 40 blessés. L’attaque avait été revendiquée par l’ELN.
En 2017, Bogota, qui compte huit millions d’habitants, avait été le théâtre de deux autres attaques meurtrières.
L’une, en juin dans un centre commercial, avait fait trois morts, dont une jeune Française, et plusieurs blessés. Les autorités l’avait attribuée à un groupuscule de gauche, le Mouvement révolutionnaire du peuple (MRP).
Avec environ 1.800 combattants, l’ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement et la transformation en parti politique des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) à la suite de l’accord signé en 2016 avec le précédent gouvernement.
Bien que l’intensité du conflit ait diminué depuis l’accord avec les Farc, la Colombie reste affectée par une guerre fratricide, qui au fil des décennies a impliqué guérillas, paramilitaires et forces de l’ordre, faisant plus de huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.