Les élections européennes organisées du 23 au 26 mai vont ouvrir le bal des nominations pour les cinq plus hautes fonctions au sein de l’Union européenne, au coeur d’un grand marchandage entre les Etats membres.
Les règles ont été établies en 2014, sous la pression du Parlement européen, mais l’affaiblissement attendu des deux grandes familles qui dominaient jusqu’à présent l’hémicycle, les conservateurs du Parti Populaire Européen (PPE) et les socialistes, devrait compliquer la donne.
– Le « spitzenkandidat », une espèce contestée –
Chaque groupe a désigné son prétendant, le « spitzenkandidat », pour la présidence de la Commission européenne. Le soir même des résultats, le 26 mai, la famille arrivée en tête revendique le poste. Mais son candidat devra obtenir le soutien des dirigeants de l’Union européenne et la majorité absolue des élus du Parlement européen, soit 376 voix. Ce qui devrait donner lieu à un marchandage intensif.
Les chefs d’Etat et de gouvernement se prononceront lors d’un sommet européen les 20-21 juin, afin de permettre au Parlement européen de voter en juillet.
En 2014, l’Allemande Angela Merkel, le Britannique David Cameron, le Néerlandais Mark Rutte et le Suédois Fredrik Reinfeldt ont tenté de constituer une minorité de blocage contre cette règle. Mais une campagne de presse sur le thème « Merkel trahit la démocratie » a contraint la chancelière à rentrer dans le rang.
L’hostilité affichée au principe du « spitzenkandidat » par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron nourrit les spéculations sur la possible nomination d’un candidat extérieur.
– Le président du Parlement, premier élu –
Le premier poste pourvu sera la présidence du Parlement européen. Le vote sera organisé lors de la session inaugurale de la nouvelle assemblée début juillet. Les jeux seront très ouverts et les alliances seront déterminantes car la grande coalition PPE-Socialistes de 2014 ne devrait pas avoir la majorité en mai 2019.
La deuxième session du Parlement prévue à la mi-juillet sera consacrée à la désignation du président de la Commission. Ce dernier devra ensuite constituer son équipe, dont chacun des membres devra être auditionné par le Parlement européen, avec le risque d’être rejeté.
Le Parlement européen votera l’investiture de la nouvelle Commission lors de sa session d’octobre. Le nouvel exécutif entrera en fonctions le 1er novembre.
En 2014, l’équipe constituée par l’ancien premier ministre conservateur du Luxembourg Jean-Claude Juncker avait failli être recalée.
Trois autres postes doivent être attribués en 2019: la présidence du Conseil européen, l’instance qui représente les Etats; le poste de Haut représentant pour la diplomatie européenne et la présidence de la Banque centrale européenne.
La présidence de la BCE n’était pas en jeu en 2014, ce qui avait permis à l’Italie de cumuler deux fonctions: la Banque centrale avec Mario Draghi et la diplomatie attribuée à la socialiste Federica Mogherini. En cours de législature, l’Italie a ajouté la présidence du Parlement européen, enlevée de haute lutte par le conservateur Antonio Tajani.
– Une femme et un équilibre –
Les nominations pour ces trois fonctions (Conseil, diplomatie et BCE) relèvent de la prérogative des dirigeants européens. Mais elles sont encadrées par une série de conditions: un des grands postes doit revenir à une femme et un équilibre doit être respecté entre grands et petits Etats et entre les anciens et les nouveaux membres arrivés depuis 2004.
Comme en 2014, les tractations vont commencer lors d’un sommet extraordinaire convoqué le 28 mai, deux jours après la publication du résultat des Européennes. Le président du Conseil, le Polonais Donald Tusk recevra mandat pour trouver un accord sur les nominations pour le sommet des 20 et 21 juin. En 2014, il avait fallu convoquer un sommet extraordinaire fin août pour nommer Donald Tusk à la présidence du Conseil et Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne.