La justice béninoise a condamné jeudi à dix ans de prison ferme les principaux responsables de la gigantesque escroquerie de l’ICC-Services, baptisée « l’affaire Madoff béninoise », le plus gros scandale financier de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest qui a touché plus de 150.000 personnes.

Le verdict est tombé dans la nuit après 11 heures de délibérations devant un tribunal spécial, la Cour de répressions des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à Porto Novo, la capitale du Bénin.

Le PDG d’ICC-Services Guy Aplogan, son directeur général Ludovic Dohou, ainsi que deux de leurs collaborateurs, Emile Tégbénou et Clément Sohounou, « sont condamnés à 10 ans de prison ferme et au paiement d’une amende de 12 millions (de FCFA, 18.2OO euros) chacun », a déclaré le président de la Criet, Cyriaque Dossa.

Ils ont été reconnus coupables d’escroquerie avec appel au public et exercice illégal d’activité bancaire et de microfinance, dans ce procès historique et très attendu des victimes.

La justice n’a toutefois pas retenu contre eux l’association de malfaiteurs qui aurait pu entrainer une peine plus lourde encore. Ils ont déjà passé plus de huit ans en détention.

Parmi les six autres personnes inculpées dans cette affaire, certaines ont été acquitées, les autres ayant écopé de peines allant de trois à huit ans de prison.

La Cour a par ailleurs ordonné le dédommagement des victimes à hauteur de 827 millions de francs CFA (1,2 million d’euros) en partie issus de la vente de meubles et biens des responsables d’ICC-Services.

Après 32 jours d’audience, les accusés ont accueilli le verdict avec soulagement.

« Ce verdict donne l’espoir, même si on ne peut plus recouvrer l’intégralité de nos dus », a déclaré à l’AFP Eric Justin Dénakpo, une des victimes de ICC-Services.

Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI), 204 structures de placement d’argent ont spolié quelque 150.000 épargnants entre 2006 et 2010, pour un total estimé à plus de 150 milliards de francs CFA (près de 230 millions d’euros).

Des milliers d’artisans, commerçants ou encore magistrats ont perdu toutes leurs économies dans cette affaire, certains ayant même emprunté de l’argent à des usuriers ou contracté des prêts bancaires pour pouvoir investir.

ICC-Services promettait des rendements mirobolants à ses clients: jusqu’à 150, voire 200% par trimestre, avec remboursement du capital au bout d’un an.