L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia et l’ex-ministre des Travaux publics Abdelghani Zaalane sont entendus mercredi par un juge d’instruction de la Cour suprême, compétente pour instruire les faits commis par de hauts responsables dans leurs fonctions, rapporte la télévision nationale.
Selon le Code de procédure pénale algérien, les dossiers de ministres, walis (préfets) et de certains hauts magistrats susceptibles d’être inculpés d’un crime ou d’un délit commis dans l’exercice de leurs fonctions, doivent être transmis à la Cour suprême, qui seule peut instruire leur cas.
La chaîne A3, troisième chaîne publique algérienne, indique mercredi après-midi sur un bandeau défilant que MM. Ouyahia et Zaalane sont arrivés « à la Cour suprême pour comparaître devant le juge d’instruction », sans donner d’autres détails.
MM. Ouyahia et Zaalane figurent parmi les 12 anciens ministres et préfets dont le Parquet d’Alger a annoncé avoir transmis les dossiers fin mai à la Cour suprême, dans le cadre des enquêtes visant Ali Haddad, ancien patron des patrons et PDG du n°1 privé des travaux publics en Algérie, notamment pour des faits présumés de corruption.
Le Parquet d’Alger a en outre indiqué mardi avoir transmis à la Cour suprême les dossiers de 11 responsables visés par l’enquête contre un autre influent homme d’affaires, Mahieddine Tahkout, placé en détention provisoire pour des faits de corruption et de blanchiment.
Le Parquet n’a pas dévoilé les noms des 11 personnalités, indiquant simplement qu’y figurent un ancien Premier ministre et des anciens ministres, en plus d’un ministre en poste et de cinq anciens walis et deux en fonctions. M. Ouyahia a été entendu par un magistrat du tribunal d’Alger dans cette affaire Takhout, selon l’agence de presse officielle APS.
Depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika face à un mouvement de contestation inédit, la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes et placé en détention provisoire de puissants hommes d’affaires, la plupart soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec le chef de l’Etat déchu ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics.
Certains observateurs craignent que ces enquêtes servent le double objectif d’offrir des « têtes » à la contestation – qui qualifie depuis le 22 février les dirigeants algériens de « gang » de « voleurs » ayant « pillé le pays » – tout en favorisant une purge dans le cadre de luttes de clans au sommet.